À la voix suave, Fally Ipupa, le seul artiste d’Afrique francophone à rivaliser avec les stars anglophones

À la voix suave, Fally Ipupa, le seul artiste d’Afrique francophone à rivaliser avec les stars anglophones

Seul artiste capable de rivaliser avec les plus grandes stars anglophones du continent, le Congolais sort un sixième opus qui marque un tournant stylistique, Tokooos II.

Enfant prodige de la scène musicale de Kinshasa, Fally Ipupa est le seul artiste d’Afrique francophone à jouer d’égal à égal avec les stars nigérianes de l’afropop comme Tekno, Burn Boy, Wizkid et Davido qui ont ringardisé Abidjan et imposé Lagos comme la capitale africaine de la musique urbaine.

Tokooos 2 , sorti le 18 décembre 2020. Seize titres, 90% en français, sur lesquels la voix suave de l’artiste congolais de 43 ans côtoie celles des célébrités telles DADJU, NAZA, NINHO ou encore M. POKORA. Il en ressort plusieurs tubes qui tournent déjà en boucle dans les mégalopoles du continent noir et le reste du monde.

« Transcender notre culture »

Le style du King Aigle de la musique africaine a évolué. Il s’est « urbanisé », modernisé tout en conservant ces mélodies lancinantes d’Afrique centrale qu’il renouvelle. « Je voulais faire un album urbain mais authentique. Je prends le bon côté de l’ancienne génération que je mixe avec notre culture plus globale qui intègre des sonorités empruntées au hip-hop américain qu’on écoute, dit-il lors d’un passage à Paris. Pour rien au monde, je ne négligerai mon public de base, exigeant et chauvin. Je veux transcender notre culture pour l’amener plus loin et la présenter dans le monde entier. »

Auteur, compositeur, interprète, Fally Ipupa a fait sa mue. La rumba congolaise ne suffit plus au « général cinq étoiles » de l’impitoyable et exigeante arène musicale de Kinshasa. Il a brillé dans la mythique formation Quartier Latin, « le Harvard du Tchatcho » de Koffi Olomidé, qu’il considère toujours comme un « père ».

On sent bien qu’il s’éloigne peu à peu de son maître, dont il est si différent. Face à la vulgarité et aux clichés devenus un peu démodés de certaines stars congolaises, Fally Ipupa se démarque par une élégance simplement branchée, un raffinement discret et une quête obsessionnelle de la qualité. Pour chacun de ses albums, ce musicien exigeant prend son temps, soigne les compositions, quitte à user les techniciens en studio durant des nuits entières. « Chacun de mes albums me prend environ quatre ans, car je recherche une certaine perfection , dit-il. Pour Tokooos, on a enregistré trentaine des titres pour n’en garder que dix-huit pour Tokooos 1 (2017) et Tokooos 2 (2020). Mais ça, c’est un problème de riche ! »

De la rumba au « Tokooos »

Bien qu'il soit auteur de 31 titres composant l'album Control sorti en novembre 2018, l'art de Fally Ipupa n’est plus de la rumba, dit-il. Ce n’est pas non plus de l’afropop, style porté au pinacle par ses amis stars de Lagos. « Moi, je ne fais pas de l’afropop mais du tokooos , de la musique congolaise urbaine internationale. »

Tokooos , c’est un mot qu’il a inventé en dérivant de kitoko qui signifie « beau », « positif » en lingala, raconte l’artiste fier de son concept. C’est son style musical qu’il a créé, mais aussi le nom de son studio et de chaîne de télévision de divertissement qu’il a lancé à Kinshasa, sa base, sa ville « où l’on vit à 100 à l’heure » mais dont il ne peut s’éloigner plus de trois mois.

Artiste et homme d’affaires, Fally Ipupa reste discret sur son business, pudique sur sa fortune, se démarquant d’autres artistes qui chantent leur richesse sans retenue. « Nous, on est des bantou, donc on ne dit pas » , esquive-t-il lorsqu’on lui demande s’il est millionnaire. Se déplace-t-il en jet ? « En jet-ski » , s’esclaffe l’artiste qui veut faire rêver autrement la jeunesse africaine et qui s’implique avec sa fondation pour faciliter l’accès des plus pauvres à l’éducation, à la santé et au logement.

L’amour reste son thème de prédilection. Pas la politique, l’autre moyen de devenir riche à Kinshasa. Fally Ipupa n’a jamais chanté les louanges des politiciens ou présidents Congolais. Il s’est tenu à l’écart de cet univers toxique et dangereux. Parfois, il n’a pas le choix et la politique vient à lui sans le vouloir.

Deuxième expérience d'un album urbanisé, Fally Ipupa n'hésite plus. Si des tubes comme Juste une danse, Esengo, Guerrier, Posa, Eloko Oyo, Kiname, Bad Boy et bien d'autres ont fait bouger le monde musical dans Tokooos 1, pour Tokooos 2, des tubes comme Un Coup, Oza Ya nga, Juste une fois ou Migrant des rêves emballent les mélomanes et font déjà parler du Roi-Aigle...

@KribiosUniversal


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