Regard sur l'investiture anticipée de Ndahishimiye, actuel président du Burundi

Regard sur l'investiture anticipée de Ndahishimiye, actuel président du Burundi

Évariste Ndahishimiye est l'actuel homme fort du Burundi depuis juin 2020 juste après les élections et après juste la mort tragique de Pierre Nkurunziza son prédécesseur qui devrait lui céder le pouvoir en août de la même année.

Regard sur cette investiture anticipée du Président Ndahishimiye

Tout commence le 26 janvier 2020 quand le parti présidentiel CNDD-FDD choisit Évariste Ndayishimiye comme candidat à l'élection présidentielle de 2020 pour succéder à Pierre Nkurunziza. Il est ainsi préféré par les généraux à Pascal Nyabenda, qui avait les faveurs de Nkurunziza. Du fait de la répression exercée à l'encontre de l'opposition, Ndayishimiye apparaît comme le grand favori du scrutin. Il est cependant considéré comme plus modéré que le président sortant.

Les élections et Covid-19

Le gouvernement burundais maintient le scrutin présidentiel malgré la progression de la pandémie de Covid-19, qui contraint beaucoup d'autres pays à reporter les leurs. Le premier vice-président, Gaston Sindimwo, qualifie les partisans d'un report d'« ennemis de la démocratie », affirmant que la pandémie n’empêchera pas les élections car les Burundais sont « un peuple béni par Dieu ». Les observateurs étrangers seront de fait dans l'incapacité de contrôler le scrutin, dans la mesure où le régime leur impose une quarantaine à leur arrivée sur le sol burundais.

Ndayishimiye est alors élu le 20 mai avec 68,72 % des voix. Nkurunziza a été par anticipation nommé « Guide suprême du patriotisme » et garde par cette fonction une importante influence sur le pouvoir politique du pays. La passation de pouvoir — la première à avoir lieu entre deux présidents élus depuis l'indépendance du Burundi en 1962 — est alors prévue pour le 20 août 2020.

Mort tragique de Pierre Nkurunziza

Le 9 juin 2020, le gouvernement annonce la mort de Pierre Nkurunziza, survenue la veille à l’hôpital du Cinquantenaire Natwe Turashoboye de Karuzi à la suite d'un « arrêt cardiaque », donc peu de temps avant la passation de pouvoirs présidentiels, prévue en août. Un deuil national de sept jours est décrété à partir du 9 juin. Le communiqué de l’exécutif indique que son arrêt cardiaque serait consécutif à un malaise survenu le 6 juin. Pourtant, la veille, des sources gouvernementales avaient démenti les rumeurs sur l’état de santé du chef de l’État, visiblement atteint de la Covid-19. Une source médicale affirme que celui-ci se trouvait, à l'instar de son épouse, en « détresse respiratoire » mais que l'hôpital n'était pas équipé pour l'accueillir. Ces soupçons amènent de nombreux observateurs à avancer l'hypothèse d'une contagion responsable de son décès, que le gouvernement chercherait à cacher en raison de sa négation de la pandémie au cours des mois précédents.

Désaccords sur la succession 

Le gouvernement et l’opposition sont en désaccord quant à la succession de Nkurunziza. Alors que l’exécutif planche sur une investiture anticipée de Ndayishimiye, l'opposition exige, en s'appuyant sur la Constitution du Burundi, que le président de l'Assemblée nationale, Pascal Nyabenda, assure l'intérim et convoque un nouveau scrutin. Le 12 juin, la Cour constitutionnelle du Burundi estime qu'une période d'intérim n'est pas nécessaire, et ordonne d'investir « le plus rapidement possible » Évariste Ndayishimiye. Il s'agit dans les faits d'une décision prise par un comité de crise composé de généraux et de membres du parti au pouvoir. 

Ndayishimiye, le successeur de Nkurunziza

Le 18 juin 2020, l'investiture de Ndayishimiye est officielle, devient alors le successeur de Nkurunziza, soit 8 jours avant les obsèques de ce dernier qui ont lieu le 26 juin à Karousi.

Évariste Ndayishimiye, né en 1968 dans la province de Gitega, est un militaire et homme d'État burundais, président de la République depuis le 18 juin 2020. Entre 2016 et 2020, il est secrétaire général du Conceil national pour la défense de la démocratie-Forces de défense de la démocratie, CNDD-FDD, le parti au pouvoir. Candidat à l'élection présidentielle de 2020, il est élu dès le premier tour.

Par Adjuvant KRIBIOS-KAUTA


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