Chute de Mobutu: le vendredi 16 mai 1997, Le Maréchal Mobutu quitte définitivement Kinshasa pour Gbadolite

Chute de Mobutu: le vendredi 16 mai 1997, Le Maréchal Mobutu quitte définitivement Kinshasa pour Gbadolite

Suite à la rébellion de Laurent-Désiré Kabila est ses alliés qui entourent déjà Kinshasa, le Vendredi 16 mai, vers 9 heures. Le Maréchal Mobutu et sa famille sont sur l’aéroport de Ndjili où un Boeing 737 de la présidence, piloté par le commandant Mukandela, les attend. Mobutu est impatient et furieux. Mais il faut partir. Il est 9 h 30. Sur ordre du colonel Mutoko, chef de la sécurité rapprochée du maréchal, le commandant Mukandela fait prendre à l’avion une trajectoire de décollage différente de l’ordinaire. On craint un attentat. C'est l'annonce de la fin de 32 ans de pouvoir de Mobutu. 

​​​Tout commence le Jeudi 15 mai au soir, alors que les troupes vaincues à Kenge refluent sur Kinshasa, se joue le dernier acte du règne de Mobutu Sese Seko. Au camp Tshatshi, autour du maréchal épuisé, se tient une première réunion. Il y a là les généraux Likulia Bolongo, Mahele, Nzimbi, Ilunga (ministre de l’Intérieur) et Vungbo (Garde civile).

Mahele, Likulia et Ilunga pressent Mobutu de quitter Kinshasa et de se rendre à Gbadolite : « Nous ne pouvons plus garantir votre sécurité. » Persuadé que le vieux dictateur allait se démettre, le Premier ministre avait fait prévenir la radiotélévision qu’une importante communication du gouvernement serait transmise dans la nuit. Or Mobutu résiste : « Quand on est un militaire, dit-il, ou bien on se rend, ou bien on vous tue, mais on ne fuit pas. » On se sépare sans qu’une décision soit prise. Un peu plus tard, Mobutu convoque une deuxième réunion.

Cette fois, ne sont présents que les généraux ngbandis : Bolozi (gendarmerie), Vungbo, Nzimbi, Wezago, l’adjoint de ce dernier à la tête de la DSP, et, au téléphone, Baramoto. « Il y a des traîtres, il faut les éliminer, constituons une liste », s’emporte l’un des participants. Le maréchal calme le jeu : « J’irai à Gbadolite demain, confie-t-il, prenez vos dispositions. » Il est minuit. Les généraux sortent du camp Tshatshi et se rendent directement au domicile de Baramoto Kpara où une troisième réunion, en présence de la plupart des officiers ngbandis de Kinshasa, se tient jusqu’ à 5 heures du matin. On y peaufine la liste des « traîtres » sur laquelle figure, en tête, le général Mahele. Certains s’inquiètent des intentions de Mobutu – « il nous abandonne ! » -, la plupart préparent leur propre fuite vers Brazzaville, de l’autre côté du fleuve.

Mobutu quitte Kinshasa ! 

Vendredi 16 mai, vers 9 heures. Le maréchal et sa famille sont sur l’aéroport de Ndjili où un Boeing 737 de la présidence, piloté par le commandant Mukandela, les attend. Mobutu est impatient et furieux. « Où est l’argent ? » tonne-t-il. Depuis la veille une gigantesque opération de ramassage des devises disponibles dans Kinshasa a été lancée. Entre la Banque centrale, la primature et le siège local de la Belgolaise, où ont été entreposés les fonds réunis dans le cadre de la participation forcée des sociétés à l’effort de guerre, une quarantaine de millions de dollars sont ainsi raflés en quelques heures. Le problème est que chacun a pris sa part au passage et que la somme remise en liquide au président est très loin de correspondre à ce qu’il attendait. D’où son courroux.

Donat, c’est comme ça que vous remerciez Papa !

Mais il faut partir. Au moment de grimper l’échelle de coupée, Bodi Ladawa, l’épouse de Mobutu, se tourne vers Mahele qui, avec d’autres, est présent pour ce dernier départ : « Donat, nous savons ce que vous avez fait ; c’est comme cela que vous remerciez Papa, après tout ce qu’il a fait pour vous ! » Mahele se tait. Mobutu, qui a entendu l’interpellation, se contente de hocher la tête. Il est 9 h 30. Sur ordre du colonel Mutoko, chef de la sécurité rapprochée du maréchal, le commandant Mukandela fait prendre à l’avion une trajectoire de décollage différente de l’ordinaire. On craint un attentat.

En cette journée fatidique, alors que le Boeing n’est plus qu’un point dans le ciel, chacun rentre chez soi. Objectif : fuir. Les avant-gardes de Kabila ont été signalées à quarante kilomètres, sur la route de Kenge.

Adjuvant KRIBIOS-KAUTA


À suivre