Chute de Mobutu : l'entrée de l'AFDL à Kinshasa et l'exil du Maréchal

Chute de Mobutu : l'entrée de l'AFDL à Kinshasa et l'exil du Maréchal

Le samedi 17 mai 1997, à Kinshasa, c’est la fin d’un monde: Mobutu et le début d’un nouvel ordre: Kabila et ses alliés. Mais, à Gbadolite, c’est la panique totale. Lorsqu’ils apprennent la nouvelle de l’assassinat de Mahele, les militaires mbunzas de la garnison toute proche de Kotakoli se soulèvent. Leur objectif : s’emparer de Mobutu et de sa famille et leur faire « payer » l’outrage. Le colonel Mutoko en informe le maréchal qui veut résister pensant qu'il y'a encore les armes en sa possession. Mutoko lui fait valoir qu’ils n’ont pas d’armes. « Alors, c’est la fin », murmure Mobutu.

Le Maréchal Mobutu doit quitter le Zaïre qui change déjà de nom et redevient la République Démocratique du Congo. Fuir, mais comment ? Le commandant Mukandela, que le maréchal a envoyé à Brazzaville avec ordre d’en ramener son fils Kongolu, refuse en effet de redécoller de la capitale congolaise pour Gbadolite. Il est, dit-il, lui et son Boeing, à la disposition des nouvelles autorités de son pays. Encore un traître ! Il faudra donc se résoudre à embarquer dans un vieil Antonov cargo, piloté par des Ukrainiens.

Le temps presse : la colonne des mutins venus de Kotakoli approche. Le colonel Mutoko veut faire grimper toute la famille dans un blindé, direction l’aéroport. En pleurs, Bodi Ladawa refuse : « Nous ne partirons pas ! » « Avec tout le respect que je vous dois, répond Mutoko, celui qui s’oppose, je l’abats. » L’un après l’autre, Bodi, sa sœur jumelle Kosia, leur frère Fangbi – le mauvais génie des dernières années du mobutisme et quelques autres s’engouffrent dans le véhicule. Reste Mobutu, que son fils Nzanga et Mutoko doivent littéralement traîner.

Le blindé roule à tombeau ouvert dans les rues désertes de Gbadolite, puis sur la piste où l’Antonov chauffe ses réacteurs. Par la passerelle ouverte, il entre directement dans le ventre de l’avion. Soudain, quelqu’un crie : « Les voilà ! » Eux, ce sont les Mbunzas de Kotakoli, dont les premiers éléments ont déjà atteint le bâtiment de l’aéroport. Les pilotes font décoller l’Antonov, la peur aux tripes. Des coups de feu claquent. On tire à la Kalachnikov sur l’appareil qui a bien du mal à prendre de l’altitude.

Des impacts de balles déchirent un petit morceau d’aile. En un virage audacieux, l’avion met brusquement cap à l’ouest direction Lomé, Togo. Comme momifié, Mobutu ne dit rien. Puis il murmure une phrase. Son médecin personnel, le docteur Diomi, se penche : « Même les miens me tirent dessus, lui dit le dictateur déchu, je n’ai plus rien à faire dans ce pays, ce n’est plus mon Zaïre. » Puis, le Léopard vaincu se replonge dans son mutisme. Peut-être songe-t-il à Agathe, la veuve de son ami Habyarimana, le président rwandais disparu. Il y a un an exactement, elle était venue le voir à Gbadolite pour, disait-elle, lui confier un secret : selon ses informations, quelque chose d’important se tramait à la frontière est du Zaïre, des préparatifs, des mouvements d’armes et de troupes, comme si une offensive se préparait. En rapportant cette confidence à ses proches, Mobutu avait souri : « Depuis la mort de son mari, cette pauvre Agathe n’a plus toute sa tête… » C'est la fin du long règne de 32 ans du Vieux Léopard.

L'exil de Mobutu 

Mobutu se réfugie dans un premier temps au Togo mais le président togolais Gnassingbé Eyadéma insiste pour que Mobutu quitte le pays. C'est finalement le Maroc du Roi Hassan II qui va accepter le Vieux Léopard. À son arrivée au Maroc Mobutu passe quelques jours dans le nord du pays à Tanger. Très vite, son état de santé le pousse à se rapprocher de la capitale et à s'installer quelques semaines avec son entourage dans un hôtel de la petite ville balnéaire de Skhirat, à 25 km au sud de Rabat. Ce n'est qu'à la fin du mois de juillet que l'ex-président congolais est admis à l'hôpital Avicenne à Rabat.

Pendant ce temps son entourage composé notamment de ses deux épouses et compagnes, les jumelles Bobi et Kosia ainsi que leurs enfants, vivaient discrètement et sous bonne garde dans l'une des villas de Hay Riad, quartier huppé de la capitale, fréquentée par les diplomates et les expatriés.  

L'entrée de l'Afdl à Kinshasa

La prise de Kinshasa a eu lieu le 17 mai 1997 lors de la première guerre du Congo. Cet évènement marque la chute du régime de Mobutu Sese Seko et l'arrivée au pouvoir de Laurent-Désiré Kabila. Les rebelles de l'Alliance des forces démocratiques pour la libération (AFDL) se rendent maîtres de la ville sans combats contre les mobutistes. 

Après l'assassinat de Mahele, la ville est livrée au pillage avant l'arrivée des rebelles. Les anciens soldats de Mobutu, sans chefs, sont les principaux acteurs de ces pillages.

Le 17 mai 1997 au matin, les colonnes de l'AFDL, notamment le 101e bataillon de l'armée rwandaise, entrent dans la ville. Elles sont notamment guidées par les militants du Front patriotique, un parti politique de l'opposition de gauche zaïroise. « Précédées d'une réputation de discipline », les colonnes de combattants rebelles sont acclamés par la population. Le capitaine Kongulu Mobutu est le dernier proche de Mobutu à quitter Kinshasa pour Brazzaville, après avoir vainement essayé d'organiser une résistance. 

Adjuvant KRIBIOS-KAUTA 


À suivre