Famille, Richesse, Pouvoir,... Coup d'œil sur José Eduardo Dos Santos

Famille, Richesse, Pouvoir,... Coup d'œil sur José Eduardo Dos Santos

L'ancien président angolais, le milliardaire africain José Eduardo Dos Santos, est mort le vendredi 8 juillet 2022 en Espagne, à l'âge de 79 ans. « Le parrain », ou « Zedu » comme on le surnommait, a marqué l'Histoire de l'Angola depuis plus de quatre décennies.

« Homme de l’année 2014 » par le magazine Africa World, José Eduardo Dos Santos est un homme d'État angolais, président de la République d'Angola de 1979 à 2017 (38 ans et 15 jours) et président du Mouvement populaire de libération de l'Angola (MPLA) de 1979 à 2018.

Origines et Études (1942-1970)

José Eduardo dos Santos, né le 28 août 1942 à Sambizanga, à Luanda, est le fils d’Avelino dos Santos, un maçon et paveur, et de Jacinta José Paulino. Il grandit dans le quartier de Sambizanga, quartier pauvre qui jouera un certain rôle dans la lutte anti-colonialiste. il est inscrit à l'école primaire de son quartier avant de rejoindre le lycée Salvador Correia de Luanda. José Eduardo dos Santos travaille clandestinement parmi les étudiants pour le renversement de la domination coloniale portugaise.

En 1961, à l'âge de 19 ans, José Eduardo dos Santos rejoint une des organisations nationalistes clandestines de son pays, le MPLA. En novembre de cette même année, il s'enfuit en exil à Léopoldville (aujourd'hui Kinshasa, République démocratique du Congo) où le MPLA a une antenne importante. Ses compétences sont rapidement reconnues et il est nommé vice-président de l'organisation de la jeunesse du parti. En 1962, il rejoint les Forces armées populaires de libération de l’Angola, avant d'être rattaché au bureau du MPLA à Brazzaville, capitale de la république du Congo. En 1963, il est envoyé étudier en Union soviétique où il obtient en 1969, à Bakou, un diplôme d'ingénieur du pétrole et de télécommunications.

Musique

Dos Santos musicien En parallèle de ses engagements politiques, José Eduardo Dos Santos chantait et jouait de la guitare sous le pseudonyme JOES au sein du groupe Kimbamba do Ritmo avec ses amis d’enfance de Luanda.

Une fois en Union soviétique, il forme le groupe de musique Nzaji avec des compatriotes angolais et enregistre un 33 tours. Ses chansons sont d’ordre révolutionnaire, et diffusées sur les ondes de la radio Voix de la révolution congolaise à Brazzaville.

De l'indépendance au pouvoir

De 1970 à 1974, José Eduardo dos Santos exerce les fonctions d’opérateur au Centre principal des télécommunications au sein du Cabinda, 2e région politico-militaire du MPLA. José Eduardo dos Santos est nommé membre de la commission provisoire de réajustement du front nord, chargé des finances, avant de retourner à Brazzaville en tant que représentant du MPLA jusqu’en juin 1975. En septembre 1975, il est nommé membre du comité central et du bureau politique du MPLA, chargé de la coordination des activités politiques et diplomatiques du Cabinda.

À la suite de la proclamation de l’indépendance de l’Angola, José Eduardo dos Santos exerce les fonctions de ministre des Relations extérieures du 11 novembre 1975 au 9 décembre 1978, puis de vice-Premier ministre et ministre du Plan du 9 décembre 1978 au 10 septembre 1979.

Agostinho Neto, premier président de la République, meurt à Moscou le 10 septembre 1979. José Eduardo dos Santos lui succède par désignation et devient président du MPLA et de l'État angolais le 10 septembre 1979.

Mariages et enfants de Dos Santos

Famille Dos Santos José Eduardo dos Santos est marié en troisièmes noces à Ana Paula Cristóvão Lemos. Ils ont trois enfants. Sa fille aînée, Isabel dos Santos, est cependant issue de sa première union avec Tatiana Kukanova, originaire de Bakou (Azerbaïdjan).

José Eduardo Dos Santos avait 5 femmes reconnues au total : 1) Tatiana Kukanova, 2) Filomena Sousa, 3) Maria Luísa Perdigão Abrantes, 4) Maria Eduarda Gourgel (non mariés) et 5) Ana Paula Cristóvão Lemos.

Bien qu'on ne peut pas vraiment déterminer le nombre exact des enfants de Monsieur le Milliardaire, l'on peut quand même citer quelques uns notamment : Du premier lit : Isabel Kukanova dos Santos, du deuxième lit : José Filomeno Sousa dos Santos, du troisième lit : José Eduardo Perdigão dos Santos, Welwitschia José Perdigão dos Santos, du quatrième lit : José Avelino Gourgel dos Santos, et du cinquième lit : Eduane Lemos dos Santos, Joseana Lemos dos Santos, Eduardo Lemos dos Santos et Houston Lemos dos Santos.

Dans la famille Dos Santos, la plus fortunée des femmes africaines, corrompue et corruptrice à l’œuvre dans les secteurs pétrolier et diamantifère, la fille : Isabel, surnommée par les Angolais « la Princesse ». Le fils : José Filomeno, BCBG, qui porte bien un sourire affable, est aux manettes du fonds souverain."commente RFI.

Chute de l'empire dos Santos (2017 à nos jours)

Fin décembre 2016, le MPLA, dirigé par dos Santos, choisit João Lourenço, ministre de la Défense, comme candidat à la présidence lors des élections générales d'août 2017. En février 2017, dos Santos déclare officiellement qu'il n'est pas candidat à la présidence le 23 août 2017 et que Lourenço est le candidat du MPLA. Cependant, dos Santos reste président du MPLA et garde un important contrôle sur la filière pétrolière (en particulier via sa fille Isabel dos Santos qui dirige Sonangol) et, selon certains experts, si Lourenço est élu, le vrai pouvoir reste aux mains de dos Santos. Le 26 septembre 2017, João Lourenço lui succède comme président de la République.

Le nouveau président de l'Angola, João Lourenço fait de la lutte contre la corruption l'une de ses priorités. La fille de dos Santos, Isabel, est limogée de Sonangol par Lourenço en novembre 2017 et son fils José Filomeno dit Zenu est limogé de la présidence du fonds souverain angolais (d'une valeur de cinq milliards de dollars) en janvier 2018.

En mars 2018, dos Santos, en lutte quasi-ouverte avec son successeur Lourenço, annonce sans concertation, la tenue d'un congrès du parti entre décembre 2018 et avril 2019. Au cours de ce congrès, dos Santos quittera la présidence du parti et le parti déterminera son prochain chef. Le congrès se déroule finalement le 8 septembre 2018 et Lourenço est élu président du MPLA à 98,59 %. Dos Santos ne dispose alors de plus aucun poste politique de poids.

En mars 2018, José Filomeno dos Santos est inculpé de fraude, détournement de fonds, trafic d'influence, blanchiment d'argent et association criminelle mais laissé libre sous contrôle judiciaire. En septembre, il est incarcéré. D'autres personnes sont inculpées dans cette affaire qui concerne des détournements de plusieurs centaines de millions de dollars américains (jusqu'à 1,5 milliard de dollars) vers le Crédit suisse dont Jean-Claude Bastos de Morais, un proche de Zenu, et Valter Filipe da Silva, l'ancien gouverneur de la banque nationale. En septembre 2019, José Filomeno est renvoyé au tribunal pour corruption et en août 2020, il est condamné à 5 ans de prison pour fraude et trafic d'influence. 

Maladie et mort de José Eduardo Dos Santos

Le 5 juillet, Welwitschea dos Santos, fille de José Eduardo, dépose une plainte à Barcelone à l'encontre de sa belle-mère Ana Paula dos Santos et du médecin personnel de José Eduardo dos Santos. Les chefs d'accusation sont « tentative d'homicide présumée, non-assistance à personne en danger, lésions entraînées par une négligence grave ». Elle demande aussi qu'Ana Paula, dont dos Santos serait séparée, ne puisse accéder à la chambre du patient.

José Eduardo dos Santos meurt le 8 juillet 2022 à Barcelone, en Espagne, à l’âge de près de 80 ans.

José Eduardo Dos Santos, un chef de guerre devenu kleptocrate ? 

L'ancien président angolais, José Eduardo Dos Santos était accusé depuis son retrait de la vie politique en 2017 d'avoir pillé l'économie pour en faire profiter sa famille. Durant les trente-huit années de règne d'Eduardo dos Santos, la population angolaise n'a guère vu son niveau de vie s'améliorer.

S'il a gagné la guerre contre la rébellion de l'Unita, José Eduardo dos Santos n'aura jamais su construire la paix. Pourtant, les Angolais y ont cru, lorsqu'en 2002 après vingt-sept ans de guerre civile, les armes se taisent. 

Le pays se propulse alors au premier rang des producteurs de pétrole en Afrique. L'argent afflue, les gratte-ciels poussent dans les quartiers chics de Luanda, et l'économie démarre.

Pour Sebastião Isata, traducteur de Eduardo dos Santos et professeur d'université, compagnon de route du MPLA, il fut avant tout un bâtisseur. Voici son témoignage, au micro du journaliste François Mazet de la rédaction Afrique. « Il a eu la responsabilité de créer et de mettre en place une démocratie constitutionnelle et pluraliste. Bien sûr, il y a toujours des manifestations et des mouvements sociaux dans un pays, du mécontentement, c'est normal. Mais si je devais résumer ces presque quarante années, je dirais qu'il a été le constructeur de l'Angola démocratique ».

Une mansuétude que ne partage pas la militante de la société civile, Laura Macedo : « Moi, ce que je retiens du passage de José Eduardo dos Santos au pouvoir, c'est l'augmentation de la pauvreté au sein de la population, ainsi que le fait qu'il a permis à certaines personnes d'accéder au devant de la scène et d'y demeurer sous sa protection. C'était un despote, il a rendu possible la dilapidation inédite des richesses du pays. »

En effet, le développement économique ne profite qu'à une minorité de proches et d'affairistes, tandis que la population croupit dans la misère. En 2017, au moment où dos Santos quitte la présidence, l'Angola figure au 149ᵉ rang sur 189, au classement de l'Indice du développement humain. Un Angolais sur deux vit sous le seuil de pauvreté et la moitié de la population n'a pas l'électricité. L'ampleur des dommages apparaît pleinement après le départ de celui qui se faisait surnommer « Zedu ».

La justice accuse alors l'ancien président et surtout ses enfants d'avoir pillé les caisses de l'État. Les Luanda Leaks, les fuites de documents confidentiels, diffusés en 2020, montrent que la fille de l'ancien président Isabel dos Santos a détourné au bas mot un milliard d'euros de fonds publics, et ce n'est qu'une partie des sommes disparues dans le système clanique mis au point par dos Santos. 

Son fils Filomeno a purgé une peine de cinq ans de prison pour détournement de 500 millions de dollars et sa fille est toujours recherchée par la justice angolaise.

Voilà deux grands acteurs de « la compagnie dos Santos », les enfants. Au-dessus de leur tête, de toutes les têtes, le « parrain » : José Eduardo lui-même. Le « parrain », un des multiples surnoms de l’ancien président, auquel on peut ajouter le « Sphinx », le « chef de tribu », le « Prince de Luanda », « Machiavel », etc. En exil à Barcelone, sa communication laisse savamment filtrer une image : le grand-père retraité jouant avec ses petits-enfants. Une image idyllique de sérénité trompeuse, qui cache mal une retraite amère, très mal digérée.

José Eduardo dos Santos, incontournable ?

José Eduardo Dos Santos Qu’est-ce qui a préparé le petit José Eduardo à un tel destin, à imprimer pendant plusieurs décennies son empreinte sur l’Histoire du pays ?

Son nom est lié aux premières années d’indépendance, à l’histoire du MPLA et de la révolution angolaise, à l’entrée dans le XXIe siècle du géant africain... José Eduardo, fils d’Avelino, maçon et paveur de son état, et de Jacinta, a la chance rare de faire des études. En 1961, à 19 ans, il rejoint le MPLA, alors organisation clandestine. Un mois plus tard, il rejoint l’antenne du mouvement de Léopoldville (actuelle Kinshasa).

Là, le machiavel s’épanouit. José Eduardo dos Santos gravit les échelons du MPLA. Ses compétences sont reconnues : il est désigné vice-président de la Jeunesse du mouvement. Le fin stratège est envoyé en 1963 à Bakou, en URSS, où il passe le diplôme d’ingénieur de pétrole et de télécommunications. Guerre froide oblige, tout homme politique ambitieux doit passer par la case Moscou. L’irrésistible ascension de dos Santos se poursuit et, en 1975, il entre de plain-pied au comité central et au bureau politique du MPLA, chargé de la gestion du Cabinda. Une emprise sur un dossier sensible, sur les plans politique et économique – le Cabinda, « poumon pétrolier » –, pour le pays. L'indépendance acquise cette année-là, il est propulsé ministre des Relations extérieures. Puis gagne des galons : il devient vice-Premier ministre et ministre du Plan, jusqu’au 10 septembre 1979.

Ce jour-là, Agostinho Neto, le premier président de l’Angola, meurt à Moscou. Dos Santos, logiquement, s’impose et lui succède. Il prend la main sur le MPLA et sur l’État angolais. Au pouvoir, une autre lutte s’engage, contre Jonas Savimbi et l’Unita, entre 1975 et 2002, date à laquelle prend fin la guerre civile. Vingt-sept ans de guerre civile. Caméléon politique, dos Santos le marxiste négocie des accords commerciaux avec les États-Unis et conforte son pouvoir en sapant l’attrait que pouvait exercer Savimbi à l’international, historiquement proche de certains milieux américains, israéliens, sud-africains et français. Maquis contre armée régulière, la guerre civile ravage le pays, plongé dans une déstabilisation chronique. Jonas Savimbi tombe sous les balles de l’armée le 22 février 2002. Une page d’Histoire est tournée. La guerre a fait officiellement 500 000 morts et un million de déplacés.

De Sambizanga à la Cidade Alta...

Son parcours pourrait aussi se résumer ainsi : de Sambizanga à la Cidade Alta. Sambizanga est le quartier pauvre de la capitale où le futur président fait ses premiers pas et ses premières... armes. Étudiant, il intègre les réseaux qui sont à la manœuvre clandestine pour anéantir la domination coloniale portugaise. La Cidade Alta symbolise l’aboutissement d’un parcours politique d’un homme qui a atteint le « haut du panier ». La Cidade Alta est une colline perchée sur les hauteurs de Luanda. Le quartier présidentiel. Riche par excellence. Propre. Ici, pas de trottoirs défoncés, de papiers et de détritus par terre, de bruits, de chaos. Ici, l’ordre et le silence règnent entre les pelouses bien vertes et les bâtiments roses et blancs et les colonnades coloniales. Le palais présidentiel est un bunker où, pour y pénétrer, il faut montrer patte blanche tous les cent mètres, sous la très haute surveillance de gardes d’élite triés sur le volet.

La vie après le pouvoir. Depuis son exil barcelonais, José Eduardo dos Santos mène un combat pour son clan. Le « parrain » tente une résistance face à la croisade anti-corruption de João Lourenço, qui se résume pour l’essentiel à abattre la fortunée Isabel (sa fortune est évaluée à au moins trois milliards de dollars) et José Filomeno, né lui aussi avec une cuillère d’argent dans la bouche. La justice portugaise donne un coup de main à la présidence angolaise. En janvier, elle ouvre une enquête sur la milliardaire Isabel dos Santos pour blanchiment d’argent.

L’étau se resserre : l’origine des fonds investis par la « Princesse » est jugée douteuse. Luanda a aussi gelé les comptes bancaires et des actifs d’Isabel. Pour José Eduardo, on ne touche pas à la famille. La contre-attaque publique a été organisée : interviews d’Isabel, communiqués, tweets, dénonciation des « mensonges », « fake news »... Pendant ces très longs mois de combat, José Eduardo dos Santos n’a plus ce sourire énigmatique qu’on lui connaît. Avec sa disparition, João Lourenço a les mains libres. Le « parrain » n’est plus.

Par Adjuvant KRIBIOS-KAUTA


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