Héritage Bob Marley: Que reste-t-il du Roi de Reggae ?
Au cours de sa carrière, Bob Marley devient le plus grand musicien de reggae à travers le monde et une icône du mouvement rastafari. Il est également considéré comme un symbole mondial de la culture et de l’identité jamaïcaine, tout en plaidant également pour le panafricanisme, le tiers monde et la réduction des inégalités et de la misère. Bob Marley figure également parmi les artistes musicaux les plus vendus de tous les temps, tandis que son style a influencé des artistes de différents genres. La Jamaïque l'a honoré à titre posthume peu de temps après sa mort, puisqu'il a été nommé à l'ordre du Mérite jamaïcain. Il reste au 21ème siècle le Jamaïcain le plus connu dans le monde aux côtés d'Usain Bolt.
Que reste-t-il du Roi de Reggae ?
Parlons de l'héritage de l'icône du Mouvement Rastafari.
Héritage légal et financier
À sa mort en 1981, l’héritage de Bob Marley est estimé à 30 millions de dollars américains, répartis sur différents comptes bancaires. Au-delà des avoirs financiers, l’héritage de Bob Marley concerne les propriétés immobilières (le 56 Hope Road, Studio Tuff Gong, etc.) et surtout la question des droits d’auteur pour l’immense production des Wailers jusqu’à 1973, puis de Bob Marley jusqu’à sa mort. Sans parler de tout ce qui n’a pas encore été édité en 1981 ou qui le sera après, comme Confrontation en 1983 et Legenden 1984 (qui, avec 10 millions d’exemplaires, sera l’une des plus grosses ventes de disques de tous les temps). Bob Marley a rapporté plus d'argent après sa mort que de son vivant.
Mais Bob Marley n’a pas établi de testament, malgré l’insistance plus ou moins intéressée de certains de ses proches. Volontairement ou non, il a refusé de fixer sur papier ses dernières volontés. Était-ce dû au fait que les rastas refusent de parler de la mort, ou une volonté de Bob Marley que chacun se révèle tel qu’il est, comme l’a suggéré Neville Garrick? Au regard de la loi jamaïcaine, et sans testament, 55 % des biens et 10 % du patrimoine artistique reviennent à la veuve de Bob, sa femme Rita Marley, et le reste des biens aux 11 enfants reconnus par Bob de son vivant. Mais Rita Marley produit un document daté de 1978 qui lui octroie la quasi-totalité de la fortune de Bob Marley. Il s’avèrera par la suite, en 1986, que ce document est un faux, contrefait par Rita et ses avocats. Rita Marley est alors dépossédée de la gestion de ses biens et du patrimoine Marley, confiée à un administrateur par la Cour Suprême de Jamaïque.
Après bien des procédures judiciaires et des imbroglios concernant les droits légaux de Bob Marley (qui créditait certains de ses proches pour échapper à la voracité des producteurs, notamment Danny Simms), Chris Blackwell acquiert en 1991, pour 11 millions de dollars, la gestion du patrimoine artistique de Bob Marley, en association avec la famille Marley. Parallèlement, Chris Blackwell rachète (pour un peu plus de 1 million de dollars) à Danny Simms les droits d’édition de toutes les chansons de Bob appartenant à Caïman Music. Dix ans de procédures impliquant Rita Marley, ses enfants, Danny Simms, Coxsone Dodd, les Wailers.
Le 6 février 1991, date d'anniversaire de la naissance de Bob (6 février 1945), une étoile Bob Marley est inaugurée sur le fameux Hollywood Walk of Fame de Hollywood Boulevard, Los Angeles, en présence de Rita Marley. Au-delà d’être entré dans la légende, Bob Marley est aujourd’hui devenu une marque qui rapporte beaucoup d’argent à la famille Marley et aux ayants droits, de ce même argent dont Bob disait en 1980 : « Le Diable contrôle l'argent. Si tu veux t'enrichir, il te faut donc faire un marché avec le Diable parce que c'est lui qui actionne les planches à billets. »
Héritage musical religieux
L’héritage culturel et musical de Bob Marley est aujourd’hui considérable. Bob, le chanteur, le rastaman, le rebelle, le prophète, dont les images s’affichent sur les murs du monde entier, est devenu une icône, au même titre que Che Guevara, Martin Luther King ou Marilyn Monroe. Aux quatre coins du monde, la figure de Bob Marley est présente, sur les murs des quartiers, dans les boutiques de souvenirs, dans les bacs des disquaires. Bob Marley reste partout le symbole de la lutte contre l’oppression et de l’appel à l’amour universel. Manu Chao a dit lors d'une interview qu’un tee-shirt de Bob Marley était mieux qu’un gilet pare-balles pour traverser les quartiers chauds de la planète ! C’est dire l’importance de Bob Marley aujourd’hui encore et partout dans le monde.
Bob Marley, en huit ans de carrière internationale, a donné une dimension exceptionnelle au reggae et a considérablement influencé la musique dans son ensemble, qu’il s’agisse du pop rock occidental, de la variété internationale et de ce qu’on appelle aujourd’hui la « World Music ». Même si d’autres figures majeures du reggaecomme Burning Spear, Peter Tosh, Culture ou Toots & the Maytals ont contribué à la diffusion mondiale de cette musique, Bob Marley a été, entre 1973 et 1980 le vaisseau amiral du reggae à travers la planète. Et même après sa mort en 1981, les disques Confrontation (1983) et Legend (1984) étendent encore son influence. Ses morceaux ont été depuis 1981 joués, repris, remixés par un nombre considérables d’artistes et de DJ. De Eric Clapton à Ben Harper, en passant par Lauryn Hill et Tracy Chapman, les chansons de Bob Marley traversent tous les répertoires musicaux depuis plus de 40 ans.
Mais Bob Marley, c’est encore un message à la fois social et religieux. Il représente aujourd’hui encore l’image de la dénonciation de l’oppression des Noirs par les Blancs, mais aussi des pauvres par les riches, des analphabètes par les gens éduqués, etc. De Slave Driver, Crazy Baldhead, Get Up Stand Up, jusqu’à Revolution, Burnin' and Lootin', Rat Race ou War, sa voix porte encore le refus de la domination, de l’oppression, de la ségrégation (« We refuse to be, what you wanted us to be » ; Babylone System : Survival) et appelle à la lutte pour l’émancipation et l’égalité des droits humains ( « Stand Up for your rights… Don’t give up the fight » ; Get Up, Santd Up : Burnin’). Mais au-delà de la rébellion et de la lutte, Bob Marley n’a cessé d’appeler à l’amour universel et à la communion des hommes. Son « One love, One heart » (« Let's get together and feel all right ») n’est rien d’autre qu’un message de paix et d’amour. Tout comme Is This Love, No Woman No Cry, So Much Trouble in the World, etc.
Bob Marley, c’est encore un message religieux, celui de Jah Rastafari, incarné aux yeux des rastas par l’empereur d’Éthiopie Haïlé Sélassié Ier, vu comme le messie sur terre. Bob était profondément religieux, il faisait partie des Douze Tribus d'Israël, lisait la Bible plusieurs fois par jour, allait à la messe le dimanche, commençait tous ses concerts à partir de 1978 par le fameux « Greetings in the Name of His Majesty Emperor Haile Selassie I ; Jah, Rastafari ! ». Nombreux sont ceux, de son vivant comme aujourd’hui, qui voient Bob Marley comme un prophète au service de Jah Rastarafi ou, voire comme la réincarnation du Christ (Tyrone Downie). Le message rastafari est omniprésent dans les chansons de Bob Marley : Forever Loving Jah, Rastaman Chant, Jah Live, Rastaman Vibration, etc. Les concerts de Bob Marley sont, en plus d'être de puissantes manifestations scéniques et musicales, à voir comme de grands messes où se mêlent l’indignation, la rébellion et l’amour, mais aussi la célébration de Jah et l’appel au bonheur des humains à travers la pratique des préceptes rastafari.
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À suivre