Le lac Kivu serait-il un autre danger de mort pour la population et la faune ?

Le lac Kivu serait-il un autre danger de mort pour la population et la faune ?

Après le changement de couleur en avril 2016 et en avril 2021, ça a bouillonné sur le lac Kivu le mardi 25 mai 2021.

De quoi s'agit il? Gaz ou effet éruption volcanique ? 

D'après nos recherches, Le lac Kivu est l'un des Grands Lacs d'Afrique. Il se situe à la frontière de la République démocratique du Congo et du Rwanda. Les villes congolaises de Goma et Bukavu sont voisines du lac et du côté du Rwanda, ce sont Gisenyi, Kibuye et Cyangugu. Le premier Européen ayant accédé au lac fut un Allemand, le comte Gustav Adolf von Götzen, en 1894. Il a gagné une triste notoriété lors du génocide Rwandais de 1994, de nombreuses victimes y ayant été jetées.

Le lac Kivu a pour exutoire la rivière Rusizi, qui alimente au sud le lac Tanganyika. Le lac couvre une superficie totale de 2 700 km2 et se situe à une altitude de 1 460 m au-dessus du niveau de la mer. C'est dans ce lac que l'on trouve Idjwi, la deuxième plus grande île à l'intérieur du continent africain avec une longueur de 40 km et une superficie de 285 km2. Au fond du lac, environ 500 m de sédiments recouvrent le socle cristallin précambrien. Au nord du lac, des anomalies magnétiques sont dues à d'anciens épanchements volcaniques. La salinité approche 4 ‰ au fond du lac.

Récemment (en avril 2021), ce lac avait changé de couleurs et était devenu de plus en plus beaux qu'avant tout de même en avril 2016 et, juste après l'éruption volcanique de Nyiragongo (la soirée du samedi 22 mai à la matinée du dimanche 23 mai), suivie des tremblements de terre sans cesse depuis dimanche 23 mai, causant même d'écoulements des bâtiments, des fissures ça et là, des blessés graves vers les avant-midis du mardi 25 mai, un autre fait étrange s'observe du côté du Rwanda dans le lac Kivu.

C'est sûr que les tremblements touchent aussi le Rwanda, mais sur le lac Kivu c'est une autre histoire, l'eau est entrain de bouillonner comme l'eau réchauffée dans une marmite sur des braises en feu depuis le mardi 25 mai 2021.

Qu'en disent les scientifiques et chercheurs ?

Il faut savoir que, le lac Kivu est un des trois lacs méromictiques d'Afrique. Ce lac est caractérisé par une forte stratification thermique et chimique (CO2 et méthane assez fortement « piégés » dans les eaux profondes, mais pourrait épisodiquement être brutalement libéré avec des risques graves pour la population et la faune).

Elle est différente de celle des autres lacs congolais qui sont pour la plupart « tectoniques » comme le montre d'ailleurs sa configuration morphologique, qui est celle d'un lac de barrage : nombreuses baies et îles, ces dernières disparaissant vers le nord.

Le niveau précis de risque fait encore l'objet d'analyse et de discussion, mais le lac Kivu est l'un des trois lacs identifiés dans le monde entier susceptibles d'éruptions limniques graves (lac méromictique) ; les deux autres étant les lacs Nyos "lac Lwi" et Monoun au Cameroun.

En 2005, des géologues et géochimistes ont estimé que certains changements récents de comportement du lac sont des indices de risque accru d'une éruption incontrôlable de gaz et que « La libération d'une fraction de ces gaz, qui pourrait être déclenchée par une éruption de magma dans le lac, aurait des conséquences catastrophiques pour les deux millions de personnes vivant sur ses rives (Goma, Bukavu, Gisenyi, Kibuye et Cyangugu) y compris l'île d'Idjwi et autres petits villages».

Les premières évaluations de risques et de sécurité étaient basées sur l'hypothèse que les concentrations de gaz dissous dans les eaux profondes sont dans un état d'équilibre correspondant à un temps de séjour de 400 ans environ, avec un transport turbulent considérée comme principale voie de remontée verticale du CO2 et du méthane. Or des mesures récentes et la réanalyse des processus de transport vertical ont radicalement modifié cette hypothèse : l'échange turbulent vertical apparait en fait comme étant faible et négligeable (comme le montrent un ensemble spectaculaire de plusieurs centaines de couches de diffusion double). Le temps moyen de séjour ne serait pas de 400 mais de 800–1 000 ans, alors que les enregistrements disponibles montrent une tendance récente à un accroissement de la production de méthane dans les sédiments du lac (+ 15 % en trente ans selon une étude récente, qui admet une augmentation des sources ou causes anthropiques, mais invite à ne pas exclure l'hypothèse d'une augmentation géogène de H2 et CH4), conduisant à une accumulation de gaz. Or plus l'eau profonde sera saturée en gaz, moins l'apport de chaleur nécessaire au déclenchement d'une libération « catastrophique » de gaz dévastateur sera important. S'il n'y a pas d'erreur dans la production actuelle de CH4 telle qu'estimée en 2005, la saturation en CH4 de l'eau profonde pourrait être atteinte avant 2100.

Le réchauffement climatique pourrait être source anthropique d'aggravation de ce risque (réchauffement de surface de 0,58 °C en trente ans ; mais qui pourrait aussi être attribuée à la variabilité climatique). Une entrée d'une petite quantité de lave dans le lac n'aurait pas d'effet grave selon une étude faite entre 2002 et 2004 à la suite de l'entrée d'environ 106 m3 de lave dans le lac Kivu après l'éruption du volcan Nyiragongo en janvier 2002.

Selon toujours des géologues et géochimistes, le lac Kivu abriterait 300 kilomètres cubes de dioxyde de carbone et 60 kilomètres cubes de méthane, pouvant remonter par des cheminées volcaniques, ce qui représente plus de 300 fois la quantité de gaz contenue dans le lac Nyos (lac Lwi) qui lors de son éruption avait fait 1 700 morts le 21 août 1986.

Notons qu'en Avril 2016, les mêmes eaux du lac Kivu ont changé de couleur de façon inattendue. Le lac d'eau douce bleu tourné couleur laiteuse, vu de bateaux et de l'espace. Changement de couleur et bouillonnement sur le lac Kivu, ne serait-ce pas un signe d'alerte ? 

Par Adjuvant KRIBIOS-KAUTA

@KribiosUniversal


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