Il était une fois "Les Martyrs de la Pentecôte" au Congo-Kinshasa

Il était une fois "Les Martyrs de la Pentecôte" au Congo-Kinshasa

Le 1er juin 1966, quatre hommes politiques congolais exécutés par pendaison (après avoir eu les yeux crevés), sous le régime de Joseph-Désiré Mobutu, sont accusés d'un complot pour un coup d'état. Il s'agit de Jérôme Anany, Emmanuel Bamba, Évariste Kimba et Alexandre Mahamba.

Jérôme Anany, Emmanuel Bamba, Évariste Kimba, Alexandre MahambaD'après les informations officielles, les 4 martyrs : Jérôme Anany, ministre de la Défense dans le gouvernement de Cyrille Adoula ; Emmanuel Bamba, sénateur et dignitaire de l’Église kimbanguiste ; Évariste Kimba, Premier ministre jusqu’en novembre 1965 ; et Alexandre Mahamba, ministre des Affaires foncières dans le gouvernement de Cyrille Adoula, complotaient pour renverser Mobutu, qui faisait seulement quelques mois au pouvoir.

Selon Lawrence "Larry" Devlin, la période était teintee de multiples tentatives de coups d'état. Les services de renseignements congolais (la sûreté nationale) dirigés à l'époque par son autoproclamé directeur Victor Nendaka Bika étaient tellement efficaces qu'ils évinçaient tout complot dans l'œuf.

Il est a noté que le scénario macabre des pendaisons publiques, était certainement dans l'optique de <<montrer l'exemple>> et limiter les éventuels velléités de coup d'état, par d'autres acteurs politiques et/ou militaires pendant cette période de haute tension entre Guerre Froide et rébellion muléliste.

A noter que, Ils avaient été pendus dans l’emplacement de l’actuel Stade des Martyrs de la Pentecôte en 1966. Le temple du football congolais porte désormais ce nom en leur mémoire. Les suppliciés étaient quatre personnalités politiques de premier plan. Les demandes faites par le Pape Paul VI, le président américain Lindon Johnson, le roi Baudouin de Belgique, la reine Elisabeth d’Angleterre et Amnesty International sollicitant la grâce présidentielle en faveur des condamnés, au moins de commuer la peine de mort en emprisonnement à vie, n’eurent aucun effet sur Mobutu.

D'après les recherches de Benjamin Babunga Watuna, tout avait commencé le 7 mars 1966 lorsque Mobutu supprime l’obligation de soumettre ses ordonnances-lois à l’une des chambres législatives pour confirmation. Le mécontentement est général parmi les parlementaires mais beaucoup se taisent par peur. Toutefois, quelques courageux vont élever le ton, dont les sénateurs Emile Zola et Emmanuel Bamba qui interviennent par motion pour demander quel rôle jouerait encore le Parlement dans ces conditions. Ils seront fortement applaudis.

A partir de ce jour-là, beaucoup d’hommes politiques vont discuter des possibilités d’écarter Mobutu. Dans ces cercles de discussion se retrouvent aussi des officiers militaires. En réalité, tous ces officiers militaires n’étaient que des appâts pour mieux piéger les politiciens et les pousser à aller plus loin dans la conjuration. A travers eux, Mobutu était régulièrement informé de tous ces contacts.

Le dimanche 29 mai 1966, jour de la Pentecôte, un dernier rendez-vous est pris entre les 4 politiciens et 6 officiers supérieurs en vue des derniers réglages, avant de passer à l’acte. Ils se réunissent dans la résidence du colonel Bangala (au quartier Parc Hembrise, à Ma campagne). Dans le jardin de la villa où tous ces conjures établissent le dernier plan d’action, sont cachés des commandos. D’autres commandos déguisés en domestiques, servent la bière. Cette réunion qui avait débuté à 20h se termine à 1h du matin. C’est alors qu’interviennent tous ces commandos : les quatre politiciens sont arrêtés, à l’exception des officiers militaires.

Et le lendemain, 30 mai, au grand matin, c’est Mobutu qui s’adresse au peuple congolais, à travers les ondes de Radio Congo. Sa voix claque de colère et d’émotion lorsqu’il annonce qu’un coup d’Etat a été déjoué et les traîtres arrêtés : Evariste Kimba, Emmanuel Bamba, Alexandre Mahamba et Jérôme Anany. Et vers 12h le même jour, Mobutu crée, par ordonnance-loi, un tribunal militaire d’exception chargé de juger les quatre conjures.

Un procès expéditif est alors ouvert le 31 mai, tenu en plein air devant une nombreuse foule de plus de 20.000 personnes. A la fin de la journée, la sentence tombe : la peine de mort pour tous les 4 inculpés. Finalement, l’exécution aura lieu le lendemain de la sentence, le 1er juin 1966, sur l’actuel emplacement du stade des Martyrs de Kinshasa.

Le Stade Kamanyola fut renommé stade des Martyrs de la Pentecôte en leur honneur. Le Stadium des Martyrs est aussi nommé après eux.

Par Adjuvant KRIBIOS-KAUTA


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