La Callas, la Bible de l'opéra, la diva Maria Callas, la cantatrice la plus célèbre au monde

La Callas, la Bible de l'opéra, la diva Maria Callas, la cantatrice la plus célèbre au monde

Surnommée La Callas, La Divina, La Divina assoluta, La Diva, La Diva assoluta n'est autre que Sophia Cecelia Kalos autrement appelée Anna Maria Sofia Cecilia Kalogeropoulou. Cantatrice, soprano américaine et grecque, remarquable par sa virtuosité vocale et son expressivité dramatique, Maria Callas (Maria Kalogheropoùlos) s'est notamment illustrée dans les plus grands rôles de l'opéra italien du 19ème siècle (Bellini, Verdi). Sophia Cecelia Kaloyeropoulos dite Maria Callas est une cantatrice grecque née le 2 décembre 1923 à New York et morte le 16 septembre 1977 à Paris. Suscitant les passions — ce qui lui valut d'être autant adulée que décriée — Maria Callas reste, tant par la réussite exceptionnelle de sa vie professionnelle que par sa vie privée mouvementée, l'icône même de la « diva ».

Maria Kalogheropoùlos ou Sophie Cecilia Kalos naît au Flower Hospital de New York, à Manhattan, le 2 décembre 1923 de George Kaloyeropoulos et d’Evangelia (dite Litsa) Dimitriadou. On ignore la date exacte à laquelle le nom de Callas remplaça Kalos, qui lui-même avait remplacé Kaloyeropoulos, ni même s’il l’a réellement remplacé. On sait surtout que ce fut un nom d’artiste. Au moment de quitter la Grèce pour les États-Unis, le 30 mars 1945, Maria indique que son nom de scène est « Mary Callas » ; quand elle part pour l’Italie en 1947, son nom de scène mentionné sur sa demande de passeport est cette fois « Maria Callas ». Quoi qu’il en soit, « Kalos » reste le seul nom sous lequel Maria Callas a été enregistrée sur le sol américain. Elle conserve ce nom, inscrit sur toutes les pièces d’administration et passeports, toute sa vie active jusqu’en 1966, année où elle renoncera officiellement à la nationalité américaine à l’ambassade des États-Unis de Paris.

Elle fut baptisée le 26 février 1926 selon le rite orthodoxe et reçut les deux prénoms choisis par ses parrains : Anna et Maria. Pour le pays d’origine de sa famille – où la religion orthodoxe est une religion d’État – elle sera ainsi Anna Maria Sophia Cecilia Kaloyeropoulou. Pendant sa scolarité à New York, elle se fait prénommer régulièrement Marianna ou Mary Anna, Mary étant le prénom que lui conservent jusqu’à la fin tous ses intimes.

Le développement vocal de Maria se distingue dès l’âge de 8 ans, c’est-à-dire vers 1931. Maria fait l’apprentissage de la musique et du chant à l‘école publique de Washington Heights, quartier de leur domicile. Dès l’année 1933, elle participe à des concerts organisés par son école. Elle chante aux remises des prix. La fille « à la voix d’or », qui d’après un de ses professeurs avait « un rossignol dans la gorge » prend de l’assurance en s’y faisant régulièrement remarquer et collectionne les compliments flatteurs dans un livre d’autographes qu’elle a conservé toute sa vie.

Douée d'une excellente oreille et d'une mémoire infaillible, la fillette peut reproduire une chanson « dans le ton original en l’ayant seulement entendue une fois ou deux. ». D’abord des morceaux légers de variétés – La Paloma est sa chanson de prédilection, qu’elle chanta des centaines de fois – des airs d’opérettes et des airs lyriques. Lily Pons est, toujours selon Jackie, la cantatrice préférée de Maria qui s'entraîne à chanter par-dessus ses enregistrements. Ce répertoire « lyrique léger » constitue une première période. « Maria avait une voix douce, une voix d’enfant. […] Elle commença à être reconnaissable (adjectif fameux qui a globalement qualifié la voix de Callas) seulement quand elle se mit à prendre des cours en Grèce. » Qu’elle ait donc chanté à dix ans la « Habanera » de Carmen qu’elle reprenait, dit-elle, « jusqu’à lasser son entourage » et qu’elle enchaînait pour changer avec la polonaisebrillante de Philine (« Je suis Titania ») de l’opéra Mignon d’Ambroise Thomas, laisse Petsalis-Diomidis incrédule. Les confidences de Callas, jetées, souvent avec exaspération, en pâture aux microphones tendus en toutes circonstances et en tous lieux, ont été entachées parfois de contradictions. De plus, Callas est brouillée avec la chronologie et ne situe jamais les épisodes avec précision. Elle ne se rappelle pas tout à fait non plus - ou ne veut pas se rappeler - certains événements, telle l’intervention d’un maître de chant suédois « voisin d’en face » qui pendant un temps lui donna des rudiments. Il est dit que Maria arriva au Conservatoire d'Athènes, à 15 ans, avec un registre qu’elle pensait de mezzo-soprano. Il est donc permis de penser qu’elle ait mêlé pendant ces années des airs de tessitures très éloignées sans précaution en s’appuyant sur une technique instinctive mais, à l’appréciation d’un professeur de chant, forcément sommaire et vocalement dangereuse. Il semble ainsi que ces écarts vocaux aient été à l’origine de son vibrato dans les aigus, déjà remarqué à ses débuts au Conservatoire, dont elle peinera à se débarrasser et qui finira par s’installer vers la fin d’une carrière intense et démesurée.

Dotée désormais d'une voix de soprano dramatique, Maria Callas commence une carrière professionnelle à l'âge de 17 ans avec l'opérette Boccaccio de Franz von Suppé. La Grèce occupée par les Allemands et les Italiens, sa mère prend pour amant le colonel italien Mario Bonalti et impose à sa fille de chanter pour les envahisseurs, l'officier italien accompagnant régulièrement Maria au piano et apportant à la famille des vivres supplémentaires en ces temps de marché noir. Elle fait ses débuts dans le rôle de Tosca au mois d'août 1942, puis elle est Marta dans l'opéra d'Eugen d'Albert, Tiefland, monté spécialement pour les allemands au théâtre d'Olympie. La critique est unanime : « Artiste extrêmement dynamique possédant les dons lyriques et musicaux les plus rares »(Spanoudi), « La cantatrice qui a tenu le rôle de Marta avec une sensibilité sans égale, cette nouvelle étoile du firmament grec, a donné un exemple magistral de ce que devait être une actrice de tragédie. À sa voix exceptionnelle de fluidité naturelle, je ne souhaite pas ajouter d'autres mots que ceux d'Alexandra Lalaouni : Kaloyeropoúlou est l'un de ces talents bénis des Dieux dont on ne peut que s'émerveiller. »(Vangelis Mangliveras, journaliste à l'hebdomadaire o Radiophon).

La carrière de la cantatrice prend un tournant décisif en 1947 lorsque la basse Nicola Rossi-Lemeni la présente à Giovanni Zenatello, ténor à la retraite et impresario, venu aux États-Unis sur la demande du chef d'orchestre italien Tullio Serafin afin de rechercher un soprano pour chanter La Gioconda de Ponchielli aux arènes de Vérone. Après avoir emprunté 1 000 dollars à son parrain pour payer son voyage et son séjour, elle est présentée par Zenattelo à Tullio Serafin qui, enthousiaste, l'engage séance tenante avec un contrat dérisoire (quatre représentations à 40 000 lires, sans défraiement). Le chef dirige l'œuvre et peu à peu, décèle les extraordinaires possibilités de la jeune diva. C'est lui qui fera de Maria « la Callas » comme il l'avait fait auparavant avec Rosa Ponselle. Tullio Serafin dit à son sujet : « elle était si étonnante, si imposante physiquement et moralement, si certaine de son avenir. Je savais que cette fille, dans un théâtre en plein air comme l'est Vérone, avec sa voix puissante et son courage, ferait un effet démentiel.» Lors d'une interview de 1968, la cantatrice admettra quant à elle que son travail sous la direction de Serafin a été « la chance de sa vie »: « Il m'a enseigné qu'il doit y avoir une formulation ; qu'il doit y avoir une justification. Il m'a enseigné le sens profond de la musique, la justification de la musique. J'ai réellement, véritablement absorbé tout ce que je pouvais de cet homme. »

Surnommée « la Bible de l'opéra » par Leonard Bernstein, « la Callas », telle qu'elle est couramment appelée, a bouleversé l'art lyrique du 20ème siècle en valorisant l'approche du jeu d'acteur, jusqu'alors relégué au second plan. Entourée des meilleurs artistes de son époque (Boris Christoff, Giulietta Simionato, Giuseppe Di Stefano, Mario del Monaco, Tito Gobbi, etc.) et s'étant produite sur les principales scènes d'opéra du monde (Venise, Rome, Paris, New York, Milan, Mexico, Londres, Buenos Aires, etc.), Callas demeure encore au 21ième siècle l'une des cantatrices les plus célèbres, à la fois par le timbre très particulier de sa voix, son registre étendu de près de trois octaves, sa grande virtuosité alliée à un phrasé unique et, enfin, son talent de tragédienne lui permettant d'incarner ses personnages avec une grande intensité dramatique (Lucia, Médée, Norma, Tosca, Violetta).

Suscitant les passions — ce qui lui valut d'être autant adulée que décriée — Maria Callas reste, tant par la réussite exceptionnelle de sa vie professionnelle que par sa vie privée mouvementée, l'icône même de la « diva ».

La dernière prestation publique de Maria Callas a lieu le 11 novembre 1974 au Hokkaido Koseinenkin Kaikan à Sapporo (Japon). La cantatrice se retire du monde dans son appartement parisien au troisième étage du 36 avenue Georges-Mandel où ses seules occupations sont d'écouter ses vieux enregistrements et de promener ses caniches en empruntant chaque jour le même itinéraire : rue de la Pompe, rue de Longchamp et rue des Sablons.

Elle tente de se suicider aux somnifères. La mort d'Onassis, qu'elle a accompagné jusqu'à sa fin, en 1975, achève de la murer dans sa solitude. Épuisée moralement et physiquement, prenant alternativement des barbituriques pour dormir et des excitants dans la journée, se soignant à la coramine pour ses brusques chutes de tension, elle meurt brutalement d'une embolie pulmonaire le 16 septembre 1977, à l'âge de 53 ans. Sur sa table de chevet sont retrouvés des comprimés d'un hypnotique, le Mandrax (méthaqualone), dont elle aurait pu, par accident, absorber une trop forte dose.

Une cérémonie funèbre a lieu à l'église grecque orthodoxe d'Agio Stephanos (Saint-Stéphane ou Saint-Étienne), rue Georges-Bizet, le 20 septembre 1977. Parmi les personnes en deuil étaient la princesse Grace de Monaco, sa fille la princesse Caroline, Tito Gobbi et le producteur de films italien Franco Rossellini.

Maria Callas est incinérée au cimetière du Père-Lachaise où une plaque (division 87) lui rend hommage mais dès le premier jour, l'urne funéraire disparut puis fut retrouvée miraculeusement deux jours plus tard. Ses cendres (ou ce que l'on pense être comme telles) seront dispersées en 1980 en mer Égée, au large des côtes grecques, selon de prétendues dernières volontés, jamais retrouvées.

Plus de quarante cinq ans après sa disparition, la cantatrice grecque, « La Diva assoluta », continue d'émerveiller, de susciter fantasme et admiration. D'inspirer, surtout, des générations de chanteuses. Son destin fait aussi rêver le cinéma et le théâtre, et chaque réédition de ses disques s'arrache ...La divine est entrée dans l'éternité. Le mythe perdure.

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