La danseuse aux reins de roseau, Reine de Mutuashi, Mamu Nationale,... Tout savoir sur Tshala Muana
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Elle a un Parcours musical éblouissant de près de 45 ans. Tshala Muana est une chanteuse, danseuse, productrice, actrice et femme politique congolaise. Elle sera alors célèbre pour avoir modernisé et donné ses lettres de noblesse au folklore du peuple Luba, le Mutuashi, dont l'origine remonte probablement au Moyen Âge. Surnommée « Reine du Mutuashi », Tshala Muana est aussi appelée par les congolais « Mamu nationale » (mère de la Nation). S’étant toujours montrée discrète sur sa vie privée, la rumeur lui a prêté plusieurs relations, notamment avec l’ancien président congolais Laurent-Désiré Kabila ou Claude Mashala, et quelques présidents ouest africains. La Mamu Nationale tire sa révérence à Kinshasa le matin du samedi 10 décembre 2022, à l'âge de 64 ans. 

Tshala Muana La danseuse aux reins de roseau, Reine de Mutuashi, Mamu Nationale,... Tout savoir sur Tshala Muana

Famille et origines

Originaire du Kasaï Occidental, née Élisabeth Tshala Muana Muidikayi, le 13 mai 1958 à Élisabethville (aujourd'hui Lubumbashi) au Katanga, province du sud-est du Congo belge (RDC). Tshala Muana, deuxième d’une fratrie de dix enfants, est la fille d’Amadeus Muidikayi, militaire, et d’Alphonsine Bambiwa Tumba, mère au foyer. En 1964, à peine âgée de 6 ans, elle perd son père, assassiné à Watsha par les maquisards Mulelistes pendant la guerre du Katanga. Elle est élevée par sa mère, qui décède à son tour, en 2005.

Débuts en musique

Tshala Muana fait ses débuts en chant grâce à sa maman, à l'âge mineur juste après le décès de son père à Lubumbashi. Choriste d’abord aux côtés de Laurent Galans, puis avec l’orchestre Minzoto Wella Wella, elle intègre, à Kinshasa, comme danseuse/choriste, le groupe Tsheke Tsheke Love de la vedette féminine Congolaise M’Pongo Love. Nous sommes en 1977. Tshala Muana tente d’imposer le « mutuashi » dans la capitale congolaise en enregistrant deux 45 tours. La même année, elle rejoint le groupe Minzoto Wela Wela mais n’est toujours pas considérée comme chanteuse. Elle participe ensuite aux ensembles chorégraphiques de Tabu Ley Rochereau et Franco, deux grands noms de la rumba congolaise.

Sa rencontre en 1978 avec celle qu’elle appelle affectueusement Tantine, Abeti Masikini, qui l’engage comme danseuse et choriste dans « Les Tigresses », lui permet de sortir pour la première fois du pays et de faire découvrir ses danses aux déhanchements suggestifs.

Carrière musicale professionnelle

Décidée à se faire un nom dans la chanson congolaise après plusieurs 45 Tours sans succès, Tshala Muana part s’installer en Côte d’Ivoire, alors métropole et grand carrefour artistique africain. Dans la capitale ivoirienne, Abidjan, elle est repérée par l’agence artistique, Ivoire Hit Parade, qui va l’aider à enregistrer en 1982 son maxi 45 Tours, Amina , composé par Souzy Kaseya, un guitariste originaire de sa région, le Kasaï. Le succès est immédiat pour Tshala Muana...

Pendant trois ans, Tshala Muana va parcourir divers pays d’Afrique ( le Zaïre, aujourd'hui RDC, Congo-Brazzaville, Centrafrique, Nigeria, Togo, Niger, Mali, Burkina Faso, Sénégal, Bénin, Cameroun, Kenya, Zambie, Guinée, Mauritanie, Gabon...), la France et l’Allemagne. Ce long périple se terminera en 1985 à Atlanta aux Etats-Unis d'Amérique.

Dès lors, elle impose au grand public sa voix sensuelle, ses rythmiques endiablées et le « mutuashi » (danse de séduction aux déhanchements suggestifs). Tshala Muna sera d’ailleurs sacrée « Meilleure Artiste de l’Afrique Centrale » et faite Chevalier de l’Ordre National du Léopard par le Maréchal Mobutu. Amina figurera dans son album éponyme (dont le hit « Munanga ») produit en 1988 par Syllart Productions. Dans un de ses tubes, la chanteuse rassure une rivale qui lui vole son homme et lui dit, « Amina, je ne vais pas te garder rancune, l’homme est comme un lit d’hôpital qui reçoit tous les malades ».

En 1984, après des tournées en Afrique et en Allemagne, Tshala Muana s’installe à Paris (France) où elle sort Koumba, un album arrangé et mixé par Souzy Kaseya. Ses mélodies reposent sur une forte rythmique basse soutenue par des cuivres funky, des percussions et des guitares tournoyantes propres au soukouss Congolais. Mais, Tshala Muana s’impose surtout par son look qui fait fureur dans les revues africaines et antillaises : les commerçantes vendent des kilomètres de tissu en lamé semblables à ceux qu’elle porte sur scène. Après une tournée qui la mène en Europe et aux Etats-Unis, la nouvelle star sort Mpokolo, fidèle à son style. En 1987, elle est sollicitée comme actrice dans le film « Falato » du Malien Mamo Cissé.

Installée à Paris en 1988, Tshala Muana surnommée « la danseuse aux reins de roseau » propose dans ses albums suivants, Munanga et Biduaya, un compromis entre « mutuashi », rumba et soukouss. Son succès lui ouvrira les portes de la Turquie et de la France. Après la Cigale à Paris, elle est invitée par la Fondation Danielle Mitterrand puis tourne dans la province française en compagnie de Gloria Lazlo et Patricia Kaas.

Considérée comme un sex-symbol dans toute l’Afrique, Tshala Muana a été à plusieurs reprises l’artiste quasi officielle du Zaïre. En 1991, elle est nommée « Ambassadrice de l’Art et de la Culture du Kasaï » par les chefs coutumiers du Grand Kasaï (sa région).

Carrière politique

En 1997 le Zaïre change de régime et le nom, après la défaite de Mobutu au profit de Kabila. Tshala Muana décide de rentrer au bercail en RDC après une vingtaine d'années passées entre Abidjan (Côte d'Ivoire) et Paris (France). Elle s'engage en politique, épaulée par le président Laurent-Désiré Kabila. Elle fonde l'association REFECO (Regroupement des femmes congolaises). En 2000, elle est élue en 2000 députée. De 2000 à 2002, elle siège au sein de l’ACLPT (Assemblée constituante et législative du Parlement de transition).

Elle devient ensuite présidente de la Ligue des femmes du PPRD (Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie), parti politique créé en 2002 par le président Joseph Kabila, fonction qu'elle occupe jusqu'à son décès. Elle bat la campagne pour Joseph Kabila, avec succès en 2006 comme en 2011.

En 2011, elle est battue aux législatives dans la circonscription de Kananga, la ville de son enfance ; l'élection fut, selon elle, truquée. Depuis son engagement politique, Tshala Muana est une chanteuse à succès de chants politiques et patriotiques. Son soutien au président Joseph Kabila lui vaut l'inimitié des opposants à ce dernier. En raison du boycott politique de ses concerts, sa dernière production scénique à Paris date de 2010.

Retour sur la scène musicale internationale 

En 2000, parallèlement avec ses fonctions politiques, Tshala Muana renoue avec la scène et sort l'album Dinanga (Amour), un autre succès. Elle obtient en 2002 la Palme de Meilleure Vedette Féminine de la R.D.Congo décernée par l’ACMCO (l’Association des Chroniqueurs de Musique de la RDC).

En 2003 paraît l'album Malu (problème), réalisé à Paris et produit par JPS Productions. Cet album connaît un immense succès : 526.000 exemplaires vendus, équivalent au double disque de platine... Malu qui la remet sur le devant de la scène internationale avec des tournées en Afrique, en Europe et aux Etats-Unis d'Amérique lui vaut le prix de « Meilleure Artiste féminine » aux Kora Music Awards 2003. Après ses concerts à Brazzaville et à Pointe-Noire au Congo en 2004, elle est sacrée « Meilleure Artiste Féminine » au Bénin en 2005. Il s'agit aussi d'un prix témoignant la reconnaissance de son Grand succès en Afrique de l'Ouest, notamment au Bénin. À Cotonou, où elle s’est produite plusieurs fois en concert, Tshala Muana était omniprésente dans la programmation des radios et des boîtes de nuit depuis les années 80 et 90.

En 2006, Tshala Muana sort un double album pour cette nouvelle reconnaissance nationale, Mamu Nationale vol1 & 2 . Deux ans plus tard, en 2008, elle réalise Enkor et Toujours , un album qui marque les trente ans de sa carrière. À partir des années 2000, Tshala Muana assure elle-même la production de sa musique et, à partir de 2008, celle de jeunes talents, notamment MJ30, Jos Diena, Lula Tshanda et Boss Bossombo.

En 2009, son CD/DVD, Sikila, est réalisé avec la nouvelle coqueluche du mutuashi, la provocatrice chanteuse/danseuse MJ30 convertie actuellement en chantre du Gospel. Des albums non comme d'autant, apparaissent entre 2011 et 2018 ne récoltent pas le grand succès, néanmoins, elle marque l'univers musical, en collaborant dans Don de Dieu avec la Cléopâtre Mbilia Bel, une autre vedette féminine du Congo.

En 2020, lors de la dissolution Fcc de Kabila et Cach de Tshisekedi, elle sort une chanson intitulée Ingratitude. Ce qui fait qu'elle soit interpellée et mise en détention pendant quelques temps.

Parmi ses dernières collaborations musicales, figure également Peter Komondua dans la chanson afrotopia. Elle est l'une des invités de Werrason à son concert raté au Zénith de Paris en septembre 2021.

Vie privée et reconnaissance nationale

Longtemps taxée à tort ou à raison d’aguicheuse à cause de ses déhanchements sexy sur scène, «La Reine de Mutuashi» est à présent considérée comme la Mamu Nationale (« La Maman Nationale »), un signe de respect au Congo Kinshasa (RDC)…

S’étant toujours montrée discrète sur sa vie privée, la rumeur lui a prêté plusieurs relations, notamment avec l’ancien président Laurent-Désiré Kabila ou encore son Manager Claude Mashala.

Tshala Muana meurt vers 2h du matin à Kinshasa le samedi 10 décembre 2022. Durant toute sa carrière musicale, elle a valablement défendu le rythme mutuashi de la langue tshiluba, au point qu'elle sera surnommée La Reine du Mutuashi.

Par Adjuvant KRIBIOS-KAUTA


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