Sur les dernières heures de Hosni Moubarak, l'un des "derniers raïs déchus" en Egypte

Sur les dernières heures de Hosni Moubarak, l'un des "derniers raïs déchus" en Egypte

Homme d'État égyptien, président de la République du 14 octobre 1981 au 11 février 2011, Hosni Moubarak est Vice-président de la république arabe d'Égypte au moment de l'assassinat d'Anouar el-Sadate, en 1981, il lui succède après la tenue d'une élection. Il est ensuite constamment réélu et se voit fréquemment qualifié de dictateur. Lors de la révolution égyptienne de 2011, il est poussé à la démission. Emprisonné et condamné par la justice égyptienne après son départ du pouvoir, il est libéré en 2017 après avoir terminé de purger sa dernière peine de prison. Il meurt neuf ans après la fin de sa présidence, le 25 février 2020 au Caire (Égypte), alors âgé de près de 92 ans.dernières heures de Hosni MoubarakÀ la suite de l'assassinat d'Anouar el-Sadate, Hosni Moubarak est élu président de la République le 13 octobre 1981, lors de l'élection présidentielle anticipée, et prête serment le lendemain. Il devient également président du Parti national démocratique. Désormais l'homme le plus puissant d'Égypte, il poursuit la politique de libéralisation de l’économie entamée par Sadate, notamment par la réduction des subventions à l'agriculture et à la consommation, et par la libéralisation des prix.

En 1992, il fait annuler les dispositions régissant la location des terres. Généralement appelée « loi pour chasser les paysans de leurs terres », cette loi, combinée aux autres mesures de désengagement de l’État dans l’économie, accroît le mécontentement des populations rurales pauvres, en particulier en Haute-Égypte. Bien que la popularité de Moubarak ait augmenté avec le temps et que son rôle de leader du monde arabe se soit solidifié dans les années 1980 et 1990, il perd graduellement le soutien populaire égyptien à partir du milieu des années 1990. Le 26 juin 1995, il échappe à une tentative d'assassinat à Addis-Abeba en Éthiopie, revendiqué par la Gamaa al-Islamiya. La Constitution qu'il met en place reconnaît les « principes de la charia » comme source principale de la législation.

La chute de popularité de Moubarak s'accélère avec la mise en lumière de la corruption de son fils Alaa lors d'affaires de marchés publics et de privatisations. Vers la fin de l'année 2000, c'est son autre fils, Gamal, qui fait l'actualité en gravissant les échelons du Parti national démocratique. Gamal réussit à intégrer une nouvelle génération de libéraux dans le parti et le gouvernement. La visibilité et l'influence de Gamal devenant toujours plus importantes, des rumeurs sont apparues selon lesquelles il serait préparé à succéder à son père à la tête de l'État.

Après l’attentat d'Alexandrie, dans la nuit du 31 décembre 2010 au 1er janvier 2011, son impopularité connaît un nouveau sommet, sa dictature policière se révélant incapable de protéger les citoyens. Lors des funérailles collectives des victimes de l’attentat, ses condoléances sont refusées.

Néanmoins, Hosni Moubarak est surpris par d’importantes manifestations hostiles à son pouvoir qui éclatent en Égypte à partir du 25 janvier 2011. Ces manifestations se déroulent peu après la révolution tunisienne, dont la réussite fait tomber le « mur de la peur », qui empêchait les Égyptiens de manifester, par peur de la police. Le 28 janvier 2011, il décide de limoger le gouvernement. Les manifestants jugent cette décision insuffisante, déclarant que des élections équitables doivent être mises en place, et les gouvernements occidentaux réclament plus de liberté et de réformes économiques, politiques et sociales visant à améliorer le bien-être de la population égyptienne. Le lendemain de l'annonce de la démission de son gouvernement, il désigne le général Ahmed Chafik, chef d'état-major de l'armée de l'air, au poste de Premier ministre et nomme Omar Souleiman, chef des services de renseignements, premier vice-président d'Égypte.

Le 1er février 2011, il annonce que l'Assemblée devrait retoucher la Constitution (articles 76 et 77) de façon à limiter le nombre de mandats présidentiels tout en affirmant qu'il irait au bout de son cinquième mandat qui expire en septembre 2011, soit près de 30 ans à la tête de l'Égypte. Projetant des réformes politiques, il affirme : « Je tiens à finir ma mission ». Et encore : « C'est sur cette terre que je vais mourir ». Ce discours est bien perçu par les Égyptiens, qui ne sont informés dans la période du 30 janvier au 2 février que par la télévision d’État (Internet ayant été coupé), et le président a su faire passer une certaine émotion. Mais l’attaque des occupants de la place Tahrir, qui a lieu en même temps que la réouverture des canaux d’information alternatifs, retourne l’opinion contre lui. Les manifestations reprennent, avec encore plus d’ampleur. Les grèves se généralisent, ce qui conduit les généraux, qui craignent de perdre leurs revenus, à lui imposer une démission.

Dans un dernier discours, prononcé le 10 février 2011, il annonce son intention de conserver son poste de président de la République jusqu'à la tenue d'élections libres, ainsi que le transfert de ses pouvoirs au vice-président Omar Souleiman. Ce discours provoque la fureur des manifestants, qui projettent alors de prendre le contrôle des bâtiments officiels (télévision d’État, Parlement) et de marcher sur la présidence de la République, à Héliopolis. Les militaires lui forcent alors la main, et le nouveau vice-président annonce la démission d’Hosni Moubarak.

Le 11 février 2011, Hosni Moubarak quitte la capitale égyptienne pour s'installer à Charm el-Cheikh avec sa famille. Omar Souleiman annonce quelques heures plus tard que Moubarak démissionne de ses fonctions de président de la République, ce qui provoque des scènes de liesse au Caire et dans toute l'Égypte. En septembre 2018, une photo de l'ancien président, qui semble amoindri par la maladie, rencontre un succès sur les réseaux sociaux.

Il meurt le 25 février 2020, à l'âge de près de 92 ans, à l'hôpital militaire de Galaa au Caire, entouré de sa famille et d'autres proches. La disparition du « dernier raïs déchu », figure en bonne place dans la presse mondiale. En Égypte, cette nouvelle fait l’objet d’une couverture médiatique nettement supérieure à celle de la mort de Mohamed Morsi en juin 2019, tout en étant tempérée par des impératifs politiques. En effet, la présidence publie un communiqué se limitant à saluer son rôle militaire dans les guerres des Six jours et de Kippour, un aspect qui domine dans les hommages. Sa corruption est elle aussi évoquée alors que le régime du maréchal al-Sissi est considéré comme autant sinon plus autoritaire, corrompu et militarisé que celui d’Hosni Moubarak.

Hosni Moubarak fait cependant l'objet de funérailles nationales, auxquelles participe le maréchal Sissi. La cérémonie se tient à la mosquée Maréchal-Tantawi. Le 27 février 2020, l'ancien président est inhumé dans le mausolée familial, à Héliopolis, après avoir reçu des hommages du monde entier.

Hosni Moubarak, parfois orthographié Hosni Mubarak, de son nom complet Mohammed Hosni Sayed Selaaem Moubarak, transcrit traditionnellement Muhammad Hosnī Sayyid Selaaem Mubārak (Mohammed Hosni Saïd Selaaem Moubarak), a vu le jour le 4 mai 1928 dans une localité du delta du Nil à Kafr-el-Meselha (gouvernorat de Menufeya).

Paix à l'âme du Maréchal Mohammed Hosni Sayed Selaaem Moubarak.

Adjuvant KRIBIOS-KAUTA


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