Tensions Kabila-Bemba : sur les Violences du 22 au 23 mars 2007 à Kinshasa, exil et arrestation de Bemba en Europe

Tensions Kabila-Bemba : sur les Violences du 22 au 23 mars 2007 à Kinshasa, exil et arrestation de Bemba en Europe

Après sa défaite au second tour face à Joseph Kabila lors de l'élection présidentielle d'octobre 2006, Jean-Pierre Bemba s'était engagé à mener une « opposition républicaine » au gouvernement de celui-ci, bien qu'il soit élu sénateur en janvier 2007. Son refus de fondre sa garde personnelle au sein de l'armée gouvernementale, au début 2007, l'a conduit à un affrontement direct avec le pouvoir de Joseph Kabila.

Tensions Kabila-Bemba à Kinshasa Un certain 22 mars 2007, une altercation avec la garde rapprochée de Bemba a conduit à des combats aux environs de la résidence de Bemba (promenade de la Raquette à Gombe) et de ses bureaux (milieu du boulevard du 30 juin).

Les gardes de Bemba n'avaient pas obéi à un ultimatum dont le terme avait été fixé au 15 mars d'accepter leur incorporation à l'armée régulière, craignant pour la sécurité de Jean-Pierre Bemba. Au cours des combats, de nombreuses personnes civiles ou militaires (au moins 60 personnes) ont été tuées. Bemba appela au cessez-le-feu, et trouva refuge en l'ambassade d'Afrique du Sud. Les familles des soldats de Bemba puis les soldats eux-mêmes, quittent Gombe vers l'est et le sud de la ville (Beach Ngobila, Barumbu, Ndolo, commune de Kinshasa). Au soir du 22 mars, le DPP (Détachement de Protection Personnelle) de Jean-Pierre Bemba semblait l'emporter, mais faute de ravitaillement en vivres et en munitions, finit par décrocher. Le 23 mars, les combats vont reprendre dès 5 heures du matin. Mais cette fois, les forces gouvernementales avaient pris le dessus. 

Avec la poursuite des combats le 23 mars, un mandat d'arrêt a été lancé contre Jean-Pierre Bemba désormais accusé de haute trahison. Ces affrontements ont fait plus de 200 morts à Kinshasa. Plusieurs de ses gardes rapprochés sont tués comme le commandant Kimbembe Lukubama et sa femme, et son fils est resté introuvable. Un nombre important de soldats de Bemba s'était alors rendu à la MONUC et d’autres avaient fui à Brazzaville.

Dès les premiers bombardements, l'Agence France-Presse avait expliqué que les heurts avaient commencé à la suite d'altercations entre la garde de Bemba et des policiers. Ces derniers auraient appelé en renfort la garde présidentielle, beaucoup mieux armée. Mais dans le même temps, un militaire occidental qui a préféré garder l'anonymat narrait une attaque délibérée de la garde de Kabila contre Jean-Pierre Bemba. La plupart des journaux occidentaux (belges et français) s'en sont tenus à cette version, reprise par l'agence Reuters. Cependant, quelques jours après, Reuters retirait sa dépêche.

D'autres sources expliquent que les hommes de Kabila seraient allés chercher 2 des leurs (ou 2 policiers suivant les sources), qui avaient été enlevés et détenus par les hommes de Bemba dans sa propre résidence, au moment où celui-ci recevait les ambassadeurs. La garde armée de Kabila aurait eu également pour consigne de capturer leur chef afin qu'il puisse éventuellement être jugé. Ce type de provocation pourrait avoir été monté dans l'idée de tenter un soulèvement populaire.

À la suite de ces événements, Bemba sort grandi de cette épreuve de force. Certains, à Kinshasa, affirment qu'il a échappé à un piège mortel tendu par Kabila depuis août 2006. Un rapport confidentiel de la MONUC est publié en décembre 2007. Celui-ci donne de nombreux éléments en faveur de la thèse d'une agression de la part du camp présidentiel à l'époque.

Jean-Pierre Bemba est obligé de quitter la république démocratique du Congo le 11 avril 2007 pour se rendre au Portugal, officiellement pour y soigner une vieille blessure à la jambe. Il sera ensuite arrêté 10 mois plus tard (mai 2008), suite à un mandat établi par la CPI. Il a été incarcéré par la Cour pénale internationale pendant près de dix ans pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité avant d'être acquitté en 2018 mais il a été condamné pour subornation de témoins ce qui l'a empêché d'être candidat à l'élection présidentielle en 2018.

Notons que, ce n'était pas la première tension entre Kabila et Bemba. Des Diverses altercations sont intervenues en 2006 entre les troupes de Joseph Kabila et celles de Jean-Pierre Bemba dans la capitale de la république démocratique du Congo, Kinshasa, à partir du 20 août 2006, date de la proclamation des résultats du premier tour de l'élection présidentielle congolaise de juillet 2006.

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