Voici comment JB Mpiana intégra Wenge Musica et devint le Président du groupe
Wenge Musica est à ses débuts, l'orchestre amateur des vacanciers entre 1979 et 1981 (Celio Stars) et entre 1981 et 1986. Mais, va devenir en dix ans (1987-1997), après la sortie de son premier album Bouger-Bouger "Mulolo paru en mai 1988, une référence musicale en République démocratique du Congo (ex Zaïre) et en Afrique, au point de donner un nom à un courant de musique urbaine au Congo : le Ndombolo. JB Mpiana, Werrason et Alain Makaba avec d'autres musiciens de Wenge Musica ont fait des mélodies traditionnelles d'Afrique centrale et des recettes musicales de leurs aînés du clan Langa Langa, d'où proviennent notamment Papa Wemba, King Kester Emeneya et N'Yoka Longo (guitares électriques, synthétiseurs, atalaku), en la modernisant selon les codes des années 1990 (promotion télévisée, références vestimentaires tenant à la fois de la haute couture et du hip-hop, valorisation des acquis matériels). C'est l'époque du Ndombolo.
D'ailleurs, les musiques urbaines africaines actuelles s'en sont très largement inspirées et pour certaines les ont dépassé sur le plan du marketing et de la visibilité internationale et surtout l'époque internet. Avant 1984, Jb Mpiana n'était pas membre de Wenge mais il attendait déjà parler de ceux qui vont devenir une deuxième famille pour lui.
Nous sommes en octobre 1984: JB Mpiana intègre officiellement le groupe Wenge Musica. Le groupe va alors connaître un nouveau souffle, grâce à deux nouveaux chanteurs : il s'agit d'abord de Blaise Bula (1983) et puis JB Mpiana (1984) étudiant camarades de classe à l'Athénée de la Gombe. JB Mpiana qui réside donc à l'époque dans la commune de Gombe, est présenté à l'orchestre par Jean-Belis. Lors d'une répétition, Wenge Musica essaie d'interpréter la chanson Ngambelo de Kester Emeneya mais aucun des membres ne réussit à chanter le vocal du ténor Petit Prince. JB Mpiana présent dans la foule se propose. Il est intégré au groupe, qui cherchait un chanteur capable de chanter avec la tessiture de ténor. Il est donc le bienvenu grâce notamment à Blaise Bula son camarade de classe et surtout à Werrason chargé également des recrutements.
Avec sa voix comparée à celle de Papa Wemba son idole, JB Mpiana va s'imposer peu à peu comme le leader chant du groupe. C'est lui qui apportera le surnom BCBG (Bon Chic Bon Genre) ; en effet, les jeunes de Wenge Musica ont toujours revendiqué être un orchestre de jeunes scolarisés avec une bonne éducation, contrairement à de nombreux groupes kinois composés de « musiciens de rue ».
Alors, Wenge Musica drainera dans son sillage les élèves puis étudiants des écoles fréquentées par ses membres telles que l'Athenée de la Gombe, l'ITC de Ngaliema (fréquenté notamment par JB Mpiana), l'ISC (Institut Supérieur du Commerce de Kinshasa, où Werrason étudia), l'ISTA (école d'ingénieurs où Blaise Bula obtiendra son diplôme). Les enfants de la bourgeoisie et la nomenklatura zaïroise de l'époque seront également de fervents admirateurs de Wenge Musica et ouvriront les portes des mécènes les plus prestigieux.
Wenge Musica comprend donc dans les premières années, les chanteurs Werrason Ngiama (également animateur des parties dansantes), JB Mpiana, Blaise Bula, Adolphe Dominguez (danseur de Choc Stars auprès de Defao vedette zaïroise de l'époque), Machiro Kifaya, Dede Masolo « Deno Star », Anicet Pandu « Anibo », Wes Koka. La partie instrumentale est assurée par Aimé Bwanga (bassiste), Didier Masela (bassiste et fondateur), Alain Mwanga « Zing-Zong » (guitariste solo), Alain Makaba (guitariste solo, mi solo, rythmique et bassiste), Christian Zitu (guitare rythmique), ou encore Evo Nsiona, joueur de tambour, Ladins Montana (le frère de Werrason) et Maradona Lotomba (tous deux batteurs).
À l'instar des orchestres professionnels, Wenge Musica nomme un président, Jean-Belis Luvutula. Il sera remplacé en 1983 par Vieux Mavo, qui gère le financement des déplacements et la location des instruments. Puis le jeune et charismatique JB Mpiana, assurant déjà le lead chant, sera à son tour désigné, par ses collègues, président de l'orchestre à partir de 1986. À la demande de Werrason, JB Mpiana démet Vieux Mavo de sa fonction de président en raison du manque d'ambition de ce dernier, notamment ses appréhensions à produire l'orchestre dans les grandes salles kinoises. JB Mpiana est le premier et le seul président musicien du groupe (les précédents étant des administrateurs non-musiciens), fonction qu'il occupe jusqu'en 1997 lors de la dislocation du groupe.
À noter que, jusqu'en 1986, le groupe n'est qu'un passe-temps vacancier pour ses membres, alors tous étudiants. Ils jouent principalement dans un petit bar du quartier de Bandal appelé Olympia, et doit faire face aux nombreux va-et-vient de ses membres. En effet, peu d'entre eux espèrent faire de la musique un véritable gagne-pain, notamment en raison de la pression de leurs parents, pour qui les études doivent rester l'objectif principal.
Le jeune Jb Mpiana, alors leader principal du groupe aux côtés d'Alain Makaba et Werrason vont changer la donne. Wenge devient mâture !
Toutefois, à partir de 1986, la montée grandissante de la réputation de Wenge Musica lui permet de jouer en lever de rideaux d'artistes et orchestres Zaïrois renommés à l'époque tels que Choc Stars (Defao sera d'une grande aide maternelle) ou Langa-Langa Stars. Les jeunes musiciens entrent pour la première fois en studio à Brazzaville pour enregistrer certaines de leurs créations, dont Kin é Bougé (première version) de JB Mpiana, Bébé aké na yé de Zing-Zong, Laura de Blaise Bula, Silvie d'Aimé Bwanga ou encore Cesarine de Werrason, sans que cela ne débouche sur un album.
L'ossature de l'orchestre évolue avec le départ de certains des membres originels comme Anicet Pandu (« Anibo Charme »), Wes Koka, Christian Zitu, Alain Mwanga « Zing-Zong » ou Aimé Bwanga, pour poursuivre leurs études en France et en Belgique. Dede Masolo « Deno Star », quant à lui, se convertit à la musique chrétienne. C'est à ce moment qu'Adolphe Dominguez est intégré en tant que chanteur. Dans le même temps, les nouvelles arrivées sont soumises à des tests, et de nouveaux visages apparaissent, les guitaristes Djolina Mandudila et Eddy Kanimbo puis, fin 1986, les chanteurs Ricoco Bulambemba (de l'orchestre rival Il fallait kaka) et Alain Mpélasi. Victoria Eleison constitue une référence dans la rythmique et le son de Wenge Musica, qui s'en est largement inspiré. Werrason surnommé « à l'écoute » pour sa propension à recruter des chanteurs, fera de Mpelasi son protégé. Ce dernier, alors le plus jeune membre du groupe, sera amené par étapes à en devenir un élément clé ; il prendra même part au premier album, Bouger-Bouger "Mulolo" (« clameur »).
En 1987, Wenge Musica joue pour la première fois dans un concert télévisé, au Studio Maman Angebi de Kinshasa. Après cette production, sont pris les clichés qui servent à illustrer la pochette du premier album encore en projet, Bouger-Bouger. Les jeunes musiciens augmentent leur popularité auprès des jeunes et fans de nouvelles sonorités. Si Alain Makaba profite également des studios modernes Bonbongo de Kinshasa pour travailler avec les meilleurs artistes zaïrois de l'époque. C'est lui qui imprime le cachet musical du groupe, un mélange de style dynamique, percutant et mélodieux, mais à ses côtés, JB Mpiana et Werrason se chargent du chant et des animations.
Par Adjuvant KRIBIOS-KAUTA
À suivre