Sophie Calle, photographe, plasticienne, écrivaine et cinéaste française réputée

Sophie Calle, photographe, plasticienne, écrivaine et cinéaste française réputée

Photographe, réalisatrice, biographe, artiste conceptuelle, chorégraphe, artiste visuelle, artiste d'installation, plasticienne, écrivaine et cinéaste, Sophie Calle est une artiste française de renommée. Elle mêle images et récits pour capter l'intimité d'autrui et mettre en scène sa propre vie (les Dormeurs, 1978; Chambre avec vue, 2002; Prenez soin de vous, 2007). Elle se distingue avec le Prix international de la Fondation Hasselblad en 2010, aussi Commandeur des Arts et des Lettres en 2012.

Artiste plasticienne, photographe, femme de lettres et réalisatrice française, Sophie Calle est née à Paris le 9 octobre 1953. Issue d'une famille d'Aigues-Vives, Sophie Calle est la fille de Monique Szyndler et de Robert Calle, cancérologue, ancien directeur de l'Institut Curie et collectionneur à l'origine du Carré d'art, le musée d'art contemporain de la ville de Nîmes. Elle grandit dans le Gard : « Tous mes souvenirs d'enfance sont liés à la région : Aigues-Vives, Beauvoisin, Le Cailar, Saint-Laurent. »

Son travail d'artiste consiste à faire de sa vie, et notamment des moments les plus intimes, une œuvre. Pour ce faire, elle utilise tous les supports possibles : livres, photos, vidéos, films, performances, etc. Elle vit et travaille à Malakoff.

Fortement influencée par l'entourage des amis proches de son père, comme Martial Raysse, Arman ou Christian Boltanski, elle décide alors de s'orienter vers la création artistique. Après avoir été une activiste politique « pure et dure» — maoïsme, féminisme, Gauche prolétarienne, lutte pro-palestinienne au Sud-Liban, etc. — et avoir voyagé sept ans à travers le monde, Sophie Calle rentre à Paris. Perdue, sans projet professionnel, sans capacité précise, sans amis, elle décide de suivre des inconnus dans la rue, comme pour retrouver Paris à travers les trajets des autres.

En 1979, « par jeej », Sophie Calle demande donc à différents inconnus (ou amis et entourage quand elle n'avait trouvé personne, ou encore elle-même lorsqu'un dormeur lui faisait faux-bond) de venir passer un certain nombre d'heures dans son lit afin que celui-ci soit occupé sans discontinuer huit jours durant, en acceptant d'être photographié et de répondre à quelques questions. Elle prend des clichés des dormeurs — parmi lesquels l'acteur Fabrice Luchini — et note consciencieusement les éléments importants de ces brèves rencontres : sujets de discussion, positions des dormeurs, leurs mouvements au cours de leur sommeil, le menu détaillé du petit-déjeuner qu'elle leur préparait. Ce travail, intitulé Les Dormeurs, retient l'attention du critique Bernard Lamarche-Vadel, compagnon de l'une des dormeuses; il l'invite à la Biennale de Paris en 1980. « En fait, dit Sophie Calle, c'est lui qui décida que j'étais une artiste. »

Dès lors, le travail de Sophie Calle cherche à créer des passerelles entre l'art et la vie. Sous la forme d’installations, de photographies, de récits, de vidéos et de films, l'artiste construit des situations qui, selon la formule de Christine Macel, sont « l’association d’une image et d’une narration, autour d’un jeu ou d’un rituel autobiographique, qui tente de conjurer l’angoisse de l’absence, tout en créant une relation à l’autre contrôlée par l’artiste.»

En 1981, elle s'installe à Malakoff, dans une usine désaffectée qu'elle partage avec les plasticiens Christian Boltanski et Annette Messager.

Ses photographies et ses comptes rendus écrits, empruntant le style descriptif du reportage ou de l'inventaire, attestent la réalité des situations qu'elle crée : femme de chambre dans un hôtel, strip-teaseuse dans une fête foraine, poursuite d'un homme à Venise, etc. Souvent fondées sur des règles et des contraintes, ses œuvres interrogent la limite poreuse entre sphère publique et sphère privée et le caractère interchangeable des positions du voyeur et de l'exhibitionniste. Le thème de la disparition de personnes ou d'objets, dont l'existence est avérée par quelques traces et dont l'absence est enregistrée par la photographie, constitue également un thème de prédilection de l'artiste.

Elle se caractérise par un esprit provocateur. Elle a été par exemple la première photographe à présenter une exposition… dont elle n'avait pas pris elle-même une seule photo : elle avait demandé à une agence de détectives privés de la prendre en filature et de la prendre en photo à son insu. Ce sont ces photos d'elle qu'elle exposa.

Les travaux de Sophie Calle sont aussi caractérisés par la mise en scène de l'artiste elle-même. Sophie Calle utilise la plupart du temps les récits d'histoires qu'elle a vécues (Histoires vraies). Enfin, Sophie Calle laisse une place importante au spectateur puisqu'il est récurrent dans ses œuvres qu'il puisse avoir accès à son intimité (Journaux intimes, Évaluation psychologique) ou bien qu'elle le fasse participer activement dans la création (Fantômes). Un autre thème important que Sophie Calle traite est l'absence (Last Seen, Fantômes, Les Aveugles). Elle a travaillé ce thème avec un vrai fait divers.

Aux éditions Actes Sud, Sophie Calle a publié de nombreux livres. Le Centre Georges-Pompidou lui a consacré une exposition intitulée M'as-tu vue en 2004. Réalisatrice du film No Sex Last Night, elle expose régulièrement son travail dans des galeries d'art contemporain.

À l'occasion de l'inauguration de la ligne 3 du tramway d'Île-de-France, en décembre 2006, elle imagine l'une des neuf œuvres commandées pour en accompagner le tracé (aux côtés d'Angela Bulloch, Christian Boltanski, Peter Kogler, Claude Lévêque). Cette œuvre, intitulée Le Téléphone, est une cabine téléphonique sculptée en forme de fleur par l'architecte Frank Gehry, n'ayant pas d'autre fonction que de recevoir ses appels : elle s'est en effet engagée à appeler cette cabine plusieurs fois par semaine pour parler avec le passant qui voudra bien décrocher.

Elle représente la France à la Biennale de Venise du 10 juin au 21 novembre 2007 avec deux œuvres : Prenez soin de vous, une lettre de rupture reçue par Sophie Calle et lue par 107 femmes ; et Pas pu saisir la mort, une vidéo réalisée au moment du décès de sa mère ayant correspondu à son invitation à représenter la France à la biennale.

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