Le 2 août 1998 : naissance d’une rébellion dans l’est de la RD Congo, qui deviendra par la suite le "Rassemblement Congolais pour la Démocratie" (RCD).

Le 2 août 1998 : naissance d’une rébellion dans l’est de la RD Congo, qui deviendra par la suite le "Rassemblement Congolais pour la Démocratie" (RCD).

Le 2 août 1998, naissance d’une rébellion dans l’est de la RD Congo, qui deviendra par la suite le "Rassemblement Congolais pour la Démocratie" (RCD). C'était le début d’une des plus meurtrières rebellions de l’Histoire de la RD Congo. Certains offices de droits humains et de la politique internationale qualifieront, quelque temps après, la guerre lancée ce 2 août 1998, de "première guerre internationale Africaine", qui aurait fait plusieurs milliers de morts.

Ce 2 août 1998 est un dimanche. Les familles de Goma s'affairent à aller à l'église lorsque, vers 9h30, la station locale de la RTNC-Goma interrompt ses programmes. Sylvain Buki, qui est alors âgé de 27 ans et qui occupe le poste de Responsable des Renseignements de la 10ème Brigade des Forces Armées Congolaises (FAC) stationnée à Goma, s'adresse à la population et aux militaires des FAC. Buki annoncera, en Swahili, qu'une partie de l'armée venait de décider de déchoir le Président Laurent Désiré Kabila. "Tumeamuwa Kumuondowa madarakani" ("nous avons décidé de le démettre de sa fonction"), dira-t-il. Sans nous en rendre compte, ces simples mots annonçaient le début d'une des plus meurtrières rébellions de l'Histoire de la RD Congo, une rébellion qui changea, pendant cinq ans (de 1998 à 2003), le paysage sécuritaire et politique de toute la région des Grands-Lacs (RD Congo, Rwanda, Ouganda et Burundi), et qui aboutit à l'entrée en jeu de quelques pays de la SADC (Angola, Namibie et Zimbabwe).

Cinq jours auparavant, le Président Laurent-Désiré Kabila venait de renvoyer environ 3.000 soldats rwandais dans leur pays, en mettant fin à la "coopération militaire" entre la RD Congo et le Rwanda. Le départ des soldats rwandais avait été organisé dans des conditions d'extrême tension, à Kinshasa. C'est d'ailleurs pour cette raison que, conscient des enjeux autour de la sécurisation de la partie est du pays, Laurent-Désiré Kabila y avait déployé, depuis février-mars 1998, ses meilleures unités formées dans le cadre de la nouvelle armée qu'il venait de mettre sur pied, les FAC (Forces Armées Congolaises). Ces unités avaient été déployées essentiellement à Goma, Bukavu et Uvira. Laurent-Désiré Kabila ne le sait pas, mais presque toutes ces unités, y compris la fameuse 10ème Brigade, commandée par Jean-Pierre Ondekane, s'allieront à cette nouvelle rébellion.

Les heures qui suivent l'annonce de Sylvain Buki ce 2 août 1998 vont voir, à Goma, des centaines de soldats des forces gouvernementales rwandaises franchir la frontière (Grande Barrière) et prendre position à tous les points stratégiques de la ville de Goma. Les forces rwandaises entreront à Goma avec des chars et des pièces d'artillerie, et d'autres iront sécuriser l'aéroport de Goma. Pendant que Goma tombe sans aucune résistance ce 2 août 1998, les unités des Forces Armées Congolaises (FAC) déployées à Bukavu et à Uvira, restées fidèles à Laurent-Désiré Kabila, tenteront de résister pendant 2 jours, avant de décrocher entièrement le 4 août 1998.

Les rebelles avaient bien ficelé leur plan : une fois les principales villes de l'est de la RD Congo occupées, conduire une opération aéroportée sur Kitona (dans l'ouest du pays), en vue d'occuper également Kinshasa, la capitale. C'est ainsi que le 4 août 1998, un élément précurseur d'environ 800 soldats rwandais débarquera à Kitona, dans la province du Kongo Central. Dès le 5 août 1998, ils prennent le contrôle de Banana et de Moanda sur la côte Atlantique, coupant ainsi Kinshasa de l’océan. Puis, cinq jours après, le 10 août, le port fluvial de Matadi tombe à son tour, avant de s'emparer de l’immense barrage hydroélectrique d’Inga, coupant ainsi Kinshasa de son alimentation en électricité. Le Président Laurent-Désiré Kabila évita de justesse la prise de Kinshasa et la chute de son régime grâce à une colonne motorisée et blindée, composée de 2.500 hommes appartenant aux 5e et 18e régiments angolais, qui pénétrèrent en RD Congo à partir de l’enclave angolaise du Cabinda.

L'échec de Kitona fera replier tous les soldats rwandais à Goma et à Kigali... C'est là que naît l'idée de trouver une justification à l'action militaire lancée ce 2 août 1998. Le 12 août 1998, à Goma, 26 personnalités (essentiellement d'anciens collaborateurs de Laurent-Désiré Kabila au sein de l'AFDL et d'ex-Mobutistes) vont adopter une déclaration politique rédigée à Kabuga (dans la banlieue de Kigali). Ils décident alors de la création d'un mouvement politico-militaire qu'ils appelleront "Rassemblement Congolais pour la Démocratie" (RCD). Le RCD se donnera comme objectif "le démantèlement du régime de Laurent-Désiré Kabila et l'instauration d'un régime beaucoup plus démocratique". C'est dans ces circonstances que naissait le plus important mouvement rebelle congolais, qui parvint à administrer de vastes territoires s'étendant du Kivu au Kasaï, du Maniema au Katanga, voire une grande partie de l'ancienne province orientale.

Benjamin BABUNGA WATUNA/BabungaRaconte


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